International 30 novembre 2018

L’AEUMC, un 2e affront pour les producteurs de lait

Le gouvernement fédéral ajoute l’insulte à l’injure. Après avoir octroyé des concessions importantes à la gestion de l’offre dans l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC), voilà que le premier ministre signe l’entente malgré des différences entre la version américaine des textes et ce à quoi le Canada dit avoir consenti. Ces divergences pourraient avoir des conséquences significatives sur le secteur laitier canadien.

Les différences d’interprétation portent notamment sur le droit de regard des États-Unis au sujet de la politique laitière canadienne. Pourtant, cette clause ne devait pas faire partie de l’entente finale, ont affirmé des gens de l’équipe du premier ministre Trudeau aux Producteurs laitiers du Canada (PLC). Dans leur forme actuelle, les textes compromettent « fondamentalement la souveraineté du Canada », indiquent pour leur part les Producteurs de lait du Québec (PLQ).

Encore une fois, la parole du gouvernement n’a pas été respectée, dénonce le président de l’organisation, Bruno Letendre. Le dirigeant critique vertement le fait que le Canada ait cédé en partie aux Américains sa souveraineté sur la politique laitière canadienne, en acceptant d’éliminer la classe 7. « En se pliant à cette exigence abusive et illégitime des Américains, le Canada renonce à un droit négocié dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce. Il est clair que les Américains veulent nous menotter et il est inacceptable que le Canada cède là-dessus », affirme-t-il.

Le gouvernement libéral a également consenti à plafonner les exportations de solides non gras canadiens et à payer une surtaxe sur celles-ci au-delà d’un certain seuil. De plus, le Canada a accepté de soumettre à l’examen de Washington tout changement à la classification et aux prix de vente du lait aux transformateurs canadiens. Cette ingérence américaine pourrait non seulement contrevenir aux lois canadiennes et provinciales, mais aussi aux règles du commerce international, estime M. Letendre. Il invite François Legault à exercer tous les recours politiques et légaux à sa disposition pour s’assurer que les mesures de compensation annoncées par le fédéral seront à la hauteur des attentes des producteurs. M. Legault pourra porter ce message à Justin Trudeau lors de la rencontre des premiers ministres, qui se tiendra le 7 décembre à Montréal.