Actualités 9 novembre 2018

Un petit pas pour l’homme, un grand pour la femme

DRUMMONDVILLE — Les délégués de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, qui sont en majorité des hommes, ont voté pour un changement de nom historique : leur organisation s’appellera désormais les Producteurs et productrices acéricoles du Québec. Cette démarche pourrait inspirer d’autres fédérations à faire de même, espèrent les Agricultrices du Québec.

De fait, les acériculteurs deviennent le premier groupe affilié à l’Union des producteurs agricoles (UPA) à faire autant de place à la femme qu’à l’homme dans sa dénomination.

Dans la salle, Karine Douville a pris le micro pour dire que ce changement était un petit pas pour l’homme, mais un grand pour la femme.

Rappelons qu’un premier vote avait été effectué le printemps dernier sur ce même sujet, mais qu’une technicité légale obligeait les membres à se prononcer de nouveau sur la question lors de l’assemblée semie-annuelle du 8 novembre.

Opposition

Quelques individus, provenant essentiellement du Centre-du-Québec, se sont prononcés contre. « J’aurais préféré un nom plus court. Mais ce n’est pas le fait d’inclure le mot “productrice” qui nous embête, a nuancé l’acériculteur Maurice Vigneault. On nous propose une résolution sur ce changement de nom, sans possibilité d’amendement, alors qu’on doit seulement voter pour ou contre. Ce n’est pas la bonne façon de travailler. » L’un de ses confrères a dit : « Arrêtons d’être des hommes de Cro-Magnon et de Camaro! Ça fait 25 ans que ma femme travaille autant que moi dans l’entreprise; il faut la reconnaître. »

Changer l’image

Le changement de nom n’avait pas uniquement pour objectif d’inclure le genre féminin; il visait aussi à enlever le terme « fédération », qui souffre d’une mauvaise image. Un délégué a souligné que l’organisme avait été associé au mot « cartel » dans les médias.

Les Agricultrices se réjouissent

Ce changement de nom suscite des réactions qui vont au-delà de l’acériculture. En entrevue à La Terre, la présidente des Agricultrices du Québec, Jeannine Messier, se réjouit de la nouvelle et espère que d’autres groupes au sein de l’UPA seront inspirés par ce geste afin de reconnaître le travail des 11 000 femmes en agriculture. « À quand un pareil changement de nom pour l’UPA? » a-t-elle demandé.

Patrice Juneau, conseiller principal aux affaires publiques et aux relations avec les médias à l’UPA, a signalé « qu’il n’y avait pas de discussion ou de demande en ce sens pour le moment. Si tel était le cas, il faudrait une modification du règlement général de l’UPA. Ça suppose une double majorité au conseil général ».

Mentionnons que le programme de mentorat Embarque!, qui vise précisément à développer l’engagement des femmes dans les instances agricoles, vient de faire l’objet d’une deuxième version.