International 12 novembre 2018

La volatilité, une arme à double tranchant

Malgré la volatilité qui secoue le marché mondial, les exportations agricoles du Canada gardent le cap.

Depuis le début de l’année, les perturbations commerciales et la volatilité marquent le tempo des échanges commerciaux, indique Financement agricole Canada (FAC) dans son plus récent rapport dévoilé le 31 octobre. Pour mesurer l’impact de la volatilité sur les échanges commerciaux, FAC a utilisé des simulations fondées sur les tendances observées sur 30 ans. Le rapport a analysé cinq produits agricoles de base soit le soya, le blé, le canola, le porc et le bœuf. Dans la plupart des cas, une instabilité commerciale grandissante se répercute par une baisse des volumes d’exportation. Pour le soya, le porc et le bœuf, les réactions sont généralement plus vives et inégales sur les différents marchés. En ce qui concerne les ventes de canola et de blé, les réactions des marchés sont plus uniformes et modérées.

Selon Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC, la volatilité actuelle s’explique par plusieurs facteurs, dont la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine, à grands coups de tarifs douaniers. L’augmentation importante de la production porcine américaine de même que le risque d’épidémie de peste porcine africaine en Asie et en Europe contribuent également à nourrir l’incertitude.

Pour l’agroéconomiste, la volatilité constitue une arme à double tranchant. À court terme, elle paralyse les exportations. Toutefois, à plus long terme, elle ouvre aussi de nouveaux marchés et entraîne des achats massifs de la part de pays qui souhaitent se protéger contre de futures hausses de prix, mentionne M. Gervais.

La suite

La volatilité a récemment conduit le Fonds monétaire international à revoir de 3,9 à 3,7 % sa projection de croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial pour 2018. Malgré cela, l’incertitude qui règne sur les marchés mondiaux ne devrait pas avoir de répercussions importantes sur le potentiel de croissance des exportations à long terme du Canada, estime Jean-Philippe Gervais. Ce dernier voit d’un bon œil la conclusion de l’Accord économique et commercial global (AECG) et du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) qui permettent de diversifier la performance commerciale canadienne en cas de perturbation dans l’un de ses principaux marchés d’exportation.

Au cours des prochains mois, le spécialiste surveille de près les différends entre la Chine et les États-Unis. « Une escalade des tensions commerciales entre ces deux pays pourrait avoir des impacts sur les exportations du Canada », prévient-il. La fin de l’année 2018 et le début de 2019 pourraient laisser entrevoir des effets plus profonds, notamment sur les intentions d’ensemencement. « Malgré la volatilité et le ralentissement de l’économie mondiale, la demande pour les produits canadiens reste extrêmement forte », conclut Jean-Philippe Gervais. Depuis 2011, le Canada occupe le cinquième rang des principaux pays exportateurs de produits agricoles de base.