Politique 11 novembre 2018

Deux nouveaux groupes de travail et un changement de vocabulaire

Dans le but de soutenir « pleinement et équitablement » les agriculteurs et les transformateurs sous gestion de l’offre, le gouvernement fédéral lance deux groupes de travail afin d’établir des « stratégies d’atténuation » aux récents accords de libre-échange. Ottawa évacue ainsi le terme « compensations ». Simple changement de vocabulaire ou volte-face politique?

Le directeur adjoint aux relations publiques et gouvernementales des Producteurs de lait du Québec (PLQ), François Dumontier, ne s’inquiète pas outre mesure de ce nouveau vocable. L’organisation a soulevé ce changement auprès de représentants fédéraux, qui lui ont confirmé que le gouvernement continuait de parler de compensations financières. 

Dans leurs revendications, les PLQ s’appuient sur l’adoption à la Chambre des communes, le 5 octobre, d’une motion unanime demandant au gouvernement « de mettre en place un programme qui compense financièrement les producteurs d’œufs, de volaille et de lait pour l’intégralité des pertes qu’ils subissent à cause des brèches à la gestion de l’offre » contenues dans l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC), l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne et le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), et ce, avant de demander aux parlementaires de voter sur l’AEUMC. 

« Notre position, c’est ça et le gouvernement a voté pour ça », résume M. Dumontier. De son côté, le ministre fédéral de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, ne parle pas des pertes liées à l’AECG. Afin de dédommager les éleveurs pour celui-ci, le gouvernement Trudeau a plutôt annoncé en 2017 le Programme d’investissement pour fermes laitières (PIFL). « Il ne fait pas la job. C’est 250 M$ sur cinq ans, accessibles à 10 % des producteurs, alors que les pertes sont de 100 M$/an, à vie, pour tout le monde », souligne le porte-parole des Producteurs de lait. En combinant les trois dernières ententes commerciales, les concessions à la gestion de l’offre sont estimées à environ 10 % de la production laitière canadienne. 

Groupes de travail

Des groupes de travail seront donc chargés de recommander à Ottawa les mesures de compensation à mettre en place. Dans le secteur laitier, le comité sera composé d’agriculteurs et de transformateurs. Un groupe similaire s’investira dans la production et la transformation avicole.

Le travail se fera sur deux volets. Un premier groupe discutera du soutien à offrir pour les répercussions de l’AEUMC et du PTPGP. Un deuxième comité « tracera la voie à suivre pour aider l’industrie laitière à innover et à demeurer une importante source d’emplois et de croissance économique pour les prochaines générations ». Ces deux entités réuniront de hauts fonctionnaires d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), des gens d’organismes et d’associations de la filière nationale de même que des représentants régionaux. Cette structure a été déterminée à la suite de consultations avec les Producteurs laitiers du Canada et l’Association des transformateurs laitiers du Canada, a indiqué à La Terre le porte-
parole d’AAC, James Watson.  

Québec réitère son appui aux producteurs

DRUMMONDVILLE — Au lendemain de l’annonce, le nouveau ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a réitéré son appui aux producteurs québécois en conférence de presse. « Notre gouvernement sera proactif dans toute la foulée des démarches à venir », a-t-il affirmé. 

D’ailleurs, dans un entretien téléphonique avec son homologue fédéral, le ministre Lamontagne a dit avoir fait valoir l’importance d’une représentation « à tout le moins proportionnelle » à la place qu’occupe le Québec dans la gestion de l’offre au sein des groupes de travail. « On est le gros joueur au Canada en termes de gestion de l’offre, donc il faut que ça se reflète », a indiqué M. Lamontagne. 

Le ministre MacAulay lui aurait assuré un haut niveau de collaboration entre les ministères fédéraux et provinciaux dans ces dossiers. À noter cependant que la Coalition avenir Québec n’avait pas encore reçu les textes canadiens de l’AEUMC le 29 octobre, puisque selon le gouvernement fédéral, certains points seraient toujours en négociation. – Myriam Laplante-El Haïli.