Économie 5 novembre 2018

Des rendements et des prix élevés dans le maïs

Au fil des jours, il apparaît de plus en plus clair que la récolte 2018 de maïs sera l’une des meilleures enregistrées au Québec. De plus, les prix qui frôlent les 200 $ la tonne sont également parmi les plus élevés offerts depuis 30 ans. 

« La majorité des producteurs sont agréablement surpris. Ils ne pensaient pas avoir des rendements comme ça », observe Jocelyn Petit, négociant en grains pour La Coop Comax, à Saint-Hyacinthe. « La qualité du maïs est là, avec un grade 2 en montant, et la présence de toxines est faible. C’est très bon », affirme-t-il. L’autre bonne surprise : le taux d’humidité du grain est généralement sous les 25 %, ce qui diminue les frais de séchage.

Même son de cloche au Centre-du-Québec où l’acheteur de grains Jonathan Lussier parle d’excellents rendements d’environ 11,5 tonnes par hectare
(t/ha) dans les bons champs. « C’est plus élevé que la normale. On voit cependant beaucoup de variations selon la qualité des champs et le type de sol, nuance le propriétaire de Grains JR. Les terres sableuses ont été affectées par le manque d’eau et ça paraît sur le rendement. » 

Sur la rive nord du fleuve, l’agronome Annie Desrosiers fait remarquer qu’il s’agit d’une récolte au-dessus de la moyenne des dernières années. « Ce sont des rendements très élevés, compte tenu de la saison de sécheresse qu’on a eue. C’est une grosse surprise. Les producteurs sont vraiment heureux », fait-elle valoir, précisant cependant que la qualité du maïs est légèrement inférieure dans la région de Québec où le gel a frappé plus tôt.

Des prix intéressants

Les producteurs estiment que le prix à près de 200 $/t est très intéressant. C’est seulement la 5e fois en 30 ans qu’ils peuvent vendre leur maïs à la récolte à ce montant. En 2005, le prix moyen en novembre était plutôt de 124 $/t.

Cette augmentation sera durable, estime Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteurs de grains du Québec. Il croit que le marché du maïs sera haussier pour trois raisons. D’abord, une proportion significative du maïs ontarien semble de moins bonne qualité, ce qui aidera celui du Québec à maintenir une bonne valeur. Ensuite, l’Argentine et le Brésil ont connu une mauvaise récolte et l’Europe aussi, ce qui crée une baisse dans les stocks mondiaux. Finalement, la demande mondiale de maïs demeure ferme. Idem pour la demande locale destinée à l’alimentation animale, notamment. « J’ai des producteurs qui se sont fait offrir 225 $/t pour le mois de mars. C’est beaucoup et ça prouve que des acheteurs croient que le marché du maïs pourrait être plus élevé dans les prochains mois, anticipe M. Yelda. Les prix du maïs vont en quelque sorte compenser la baisse de prix dans le soya. » 

Des prix et des rendements plus élevés que la moyenne dans le maïs ont un impact important sur la filière grain puisque le maïs est la culture la plus importante en volume au Québec. Adam Vervoort, directeur des services aux agriculteurs à la Banque de Montréal, mentionne que certains producteurs profiteront donc d’une augmentation de revenus cette année, ce qui l’amène à affirmer que ces derniers devraient être bien placés pour investir dans leurs activités ». 

L’Ontario vers un record

Les agriculteurs du Québec ne sont pas les seuls à dégager de hauts rendements dans le maïs. Le rapport agricole de la Banque de Montréal du 31 octobre précise que les producteurs de l’Ontario devraient obtenir une récolte de maïs record. Les États-Unis se dirigent aussi vers une énorme récolte de maïs, laquelle devrait être la deuxième en importance de leur histoire, mentionne le rapport.

Le même rapport indique toutefois que la vigueur de la production agricole pèse lourdement sur les prix des principales cultures chez notre voisin du Sud. Rappelons que les prix sont plombés par les guerres commerciales. La hausse des coûts, des salaires et des intérêts devrait également accroître la pression financière sur les agriculteurs américains.

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