Actualités 19 octobre 2018

Le village nordique d’Elisapie

NUNAVIK — Malgré les deux vols et les nombreuses escales qui la séparent de Salluit, l’auteure-compositrice-interprète Elisapie Isaac tient à retourner dans le Grand Nord au moins une fois par année. Dans cette région, après une journée complète passée dans les transports, c’est tout un village qui lui ouvre grand les bras.

« Quand tu quittes ton village, tu as l’impression que tu quittes ta famille; alors j’ai ce sentiment d’être toujours accueillie par tout le monde également », raconte l’artiste. Ayant été adoptée, celle-ci a plusieurs « gangs de famille » là-bas.

Au moment de l’entrevue, son bébé de quatre mois avait déjà voyagé à deux reprises dans le Grand Nord. Elisapie est allée y présenter son nouvel album The Ballad of the Runaway Girl une semaine avant sa sortie officielle. De cet album émane une forte connexion avec le territoire inuit empreint des souvenirs de son enfance. « J’ai eu une prise de conscience de mon être réel qui a un peu délaissé sa façon de vivre pour s’adapter à Montréal », mentionne-t-elle.

Chaque visite à Salluit, le village inuit de son enfance, lui fait l’effet d’un énorme câlin.
Chaque visite à Salluit, le village inuit de son enfance, lui fait l’effet d’un énorme câlin.

Quand le temps s’arrête

Dans la métropole, la chanteuse et mère de famille a un horaire réglé au quart de tour, mais lorsqu’elle arrive à Salluit, son corps et son cerveau lâchent prise. « Le temps s’arrête et ça peut être soit extraordinaire, soit épeurant », décrit Elisapie.

Elle insiste aussi sur le fait que les habitants du Nunavik sont conscients d’appartenir au territoire et non l’inverse. Cela contribue à en accentuer l’immensité, sans délimitation pour circonscrire le bout de terre de chacun.

Elisapie s’est installée à Montréal à l’âge de 21 ans. Elle y était toutefois déjà venue au cours de son adolescence. Ses premières impressions sur cette grande ville? « J’avais le sentiment d’être dans un jeu vidéo, décrit l’artiste. Il y avait du béton partout. Tout était gris : les immeubles, les rues, les stops. C’était cool et l’fun, mais il y avait quelque chose de très froid. »

Escapades salvatrices

Il y a trois ans, alors qu’elle traversait une période de dépression, la chanteuse a compris le rôle bienfaisant de la nature dans sa vie. « Si je ne peux pas être dans le Grand Nord, le fait d’être près d’un lac, là où je peux voir l’horizon, me fait du bien », confie-t-elle. Depuis, sa famille met donc le cap sur les campagnes du Québec aussi souvent que possible. L’auteure–compositrice-interprète envisage même d’acquérir une fermette d’ici 10 ans.