À coeur ouvert 10 octobre 2018

La dépendance : comment aider un proche sans s’y perdre

Consommer de façon abusive en agriculture est malheureusement possible. Personne n’est à l’abri. Discuter de problèmes de dépendance (drogue, alcool, jeu) n’est guère un sujet de conversation entre amis. Lorsque l’on côtoie quelqu’un qui consomme de manière excessive, il est souvent délicat -d’aborder la question avec lui, surtout si c’est un membre de la famille ou un associé à la ferme. 

En effet, briser la glace et partager ses craintes avec l’autre est un grand défi. Alors, comment peut-on aider une personne prise dans le cercle de la dépendance? Accepter qu’un proche ait un tel problème n’est déjà pas évident et savoir comment l’aider n’est pas simple. Voici donc quelques pistes de solution pour vous orienter dans ce pénible, mais nécessaire processus.

Éviter de faire son procès

coeur_ouvert_bourgoinLes raisons de consommer en milieu agricole peuvent être variées et propres à chacun. L’idée n’est pas de faire le procès de la personne, mais plutôt de comprendre ce qui la pousse à agir de la sorte. Qu’est-ce que ça cache au fond? « Je consommais pour passer à travers mes journées », « […] pour gérer mes émotions », « […] pour ne plus rien ressentir », « […] pour oublier ». Ces réponses proviennent toutes du milieu agricole.

La consommation devient problématique lorsque l’on constate des conséquences négatives dans différentes sphères de vie : problèmes financiers, relations malsaines (peu d’amis, conflits avec la famille), répercussions néfastes au travail (difficulté à se lever le matin, moins fonctionnel à l’ouvrage, manque d’intérêt), incidences sur la santé physique et mentale (sautes d’humeur, moins de patience). Rajoutons à cela l’agressivité et la violence et nous obtenons un cocktail explosif.

Déterminez le moment idéal pour faire part de vos inquiétudes à votre proche. Exprimez-lui vos craintes et votre impuissance face à la situation. Parlez simplement avec lui en précisant que vous voulez l’aider à trouver les bonnes -ressources pour l’accompagner dans ce changement de -comportement, si c’est ce qu’il souhaite. Soyez rassurant et ne portez pas de jugement. Laissez-lui l’occasion de verbaliser sa propre vision de la situation.

À son rythme

Il est fort probable que la résolution du problème représente une montagne pour lui. Donc, allez-y un jour à la fois. C’est le meilleur moyen de l’aider. Toutefois, ne faites pas tout à sa place et n’en faites pas plus que lui. N’oubliez pas qu’il est -responsable de son comportement. Soutenir votre proche impliquera d’y aller à son rythme. Il faut savoir ralentir pour réussir et ne pas brûler d’étapes. 

Si le problème de consommation se répercute sur l’entreprise et la famille, n’hésitez pas à consulter votre CLSC ou votre médecin. Il est aussi possible d’appeler le service confidentiel Drogue : aide et référence, qui offre une ligne téléphonique accessible en tout temps au 1 800 265-2626.

D’abord se sauver soi-même

En présence de violence, il est conseillé de consulter et d’aller chercher de l’aide pour vous-même. Le contexte agricole en est un très particulier et dénoncer un membre de la famille est complexe et difficile au point de vue émotif. Un producteur me racontait : « J’ai besoin de lui à la ferme, c’est lui ma relève! » 

L’enjeu de la ferme est gros, mais pour sauver celle-ci, il faut d’abord se sauver soi-même. On ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas s’aider. Partant de ce principe, faites un choix éclairé.