International 1 octobre 2018

La gestion de l’offre sacrifiée

Le Canada sacrifie son industrie laitière dans une ultime concession afin de conclure le nouvel accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Ottawa concède ainsi un accès équivalant à 3,59 % de son marché laitier sous forme de contingents tarifaires, en plus d’éliminer sa classe 7 et de limiter ses exportations vers les États-Unis.

L’accord sème la consternation auprès des producteurs de lait du pays. « M. Trudeau avait pourtant dit qu’il ne signerait pas d’entente mauvaise pour les Canadiens. Est-ce que les producteurs de lait sont toujours considérés comme des citoyens canadiens? » s’interroge le président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre. Le dirigeant critique vertement l’intrusion du fédéral dans la classe 7, qui relève d’une entente entre les agriculteurs et les transformateurs, de même que la limite de 13 000 tonnes appliquée aux exportations de solides non gras du Canada. Au-delà de cette quantité, les produits laitiers canadiens seront frappés d’une surtaxe. « Les producteurs américains ne sont pas taxés, ils reçoivent 1 000 G$ de subventions et embauchent des travailleurs illégaux. Nous, on suit les règles. Je ne comprends pas », a déploré M. Letendre.

« Notre gouvernement nous avait pourtant assuré qu’il ne signerait pas un accord qui serait mauvais pour les Canadiennes et Canadiens. Or, nous ne voyons pas comment cet accord peut être bon pour les 220 000 familles canadiennes qui dépendent de l’industrie laitière pour gagner leur vie », a pour sa part déclaré le président des Producteurs laitiers du Canada, Pierre Lampron.

En combinant ce nouvel accès à ceux octroyés en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne et du Partenariat transpacifique (PTP), la filière laitière canadienne perd près de 9 % de son marché intérieur, soit l’équivalent d’un mois de production pour toutes les fermes du pays.

Cadeau

Le gouvernement Trudeau et l’administration Trump en sont venus à une entente dimanche, tard en soirée. Ils ont ainsi respecté l’échéance du 1er octobre fixée par Washington. Après cette date, M. Trump menaçait de taxer de 25 % les voitures importées du Canada. À la veille des élections de mi-mandat aux États-Unis, le Canada vient de faire un cadeau à Donald Trump, estime Bruno Letendre. Le président américain n’a d’ailleurs pas tardé à célébrer « ce merveilleux accord » qui « ouvre considérablement les marchés pour nos agriculteurs et nos manufacturiers ».