Économie 19 septembre 2018

Le secteur laitier monte aux barricades

« Ça suffit! » Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) refusent que leur secteur ne soit réduit qu’à une simple monnaie d’échange dans l’actuelle renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Les dirigeants des PLC et de leurs 10 organisations affiliées se sont réunis ce matin à Ottawa pour demander au gouvernement « que tout nouvel accord de commerce n’ait aucun impact négatif additionnel sur le secteur laitier », a répété le président des Producteurs laitiers, Pierre Lampron.

Ce dernier et ses 10 confrères ont dénoncé l’appétit du président Donald Trump à l’égard du marché laitier du Canada. « L’administration américaine veut remplacer les produits laitiers canadiens et affaiblir les piliers de la gestion de l’offre. […] Les Américains attaquent les valeurs canadiennes », a décrié M. Lampron.

Pour les États-Unis, le Canada ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il ne constitue donc pas la solution à leur surproduction de lait, ont souligné les 11 dirigeants. Ceux-ci voulaient aussi déboulonner certains mythes entourant la gestion de l’offre, dont le fait que les produits laitiers soient plus chers au Canada. « La gestion de l’offre permet aux producteurs de recevoir un prix juste, sans subvention », a précisé Pierre Lampron. Le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, a quant à lui dénoncé les subventions américaines, dont le Farm Bill, qui a versé 1 000 G$ en dix ans.

Assez concédé

Les éleveurs jugent qu’Ottawa a suffisamment sacrifié leur industrie. Les concessions octroyées en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne et le Partenariat transpacifique (PTP) occasionnent aux producteurs des pertes de revenus de 250 M$ par année, estiment-ils. Les 4,5 % du marché intérieur cédés dans ces deux accords vont effacer le Manitoba en termes de production laitière, a ajouté le président des Producteurs de lait de cette province, David Wiens. Pour les 11 organisations, la coupe est donc déjà pleine. Leurs dirigeants ont dit surveiller de près le gouvernement Trudeau dans le blitz de pourparlers concernant l’ALENA.

« J’ai immigré il y a 30 ans à cause de la gestion de l’offre. J’ai vu ce qui est arrivé aux producteurs de lait européens », a témoigné Gerritt Damsteegt, le président des Producteurs laitiers de la Nouvelle-Écosse.
« J’ai immigré il y a 30 ans à cause de la gestion de l’offre. J’ai vu ce qui est arrivé aux producteurs de lait européens », a témoigné Gerritt Damsteegt, le président des Producteurs laitiers de la Nouvelle-Écosse.