Actualités 18 septembre 2018

Une bonne saison malgré quelques retards

SAINT-JOSEPH-DU-LAC — La récolte de la McIntosh s’est amorcée avec quelques jours de retard la semaine dernière, tout comme d’autres variétés depuis le début de la saison. L’été particulièrement chaud n’a toutefois pas causé de torts et le bilan s’annonce positif.

La cueillette de la Paulared a été différée de cinq à six jours à la mi-août en Montérégie et certains vergers de la région ont subi un retard allant jusqu’à deux semaines pour la McIntosh, soutient Mario Bourdeau, vice-président des Producteurs de pommes du Québec.

Lors de l’entrevue, le pomiculteur d’Havelock attendait impatiemment des nuits plus froides oscillant aux environs de 7 °C pour aider la McIntosh à rougir. Même scénario du côté de Saint-Joseph-du-Lac, dans les Laurentides, où l’on a amorcé la récolte le 12 septembre. « La problématique avec cette pomme, c’est qu’elle est peut-être prête, mais la couleur n’est pas là. Elle risque d’être plus mûre avec des difficultés à l’entreposage », estime Roland Joannin, hybrideur et fondateur du collectif La pomme de demain.

Mario Bourdeau, vice-président des Producteurs de pommes du Québec, attend que la McIntosh rougisse dans son verger d’Havelock. Crédit photo : Gracieuseté de Mario Bourdeau
Mario Bourdeau, vice-président des Producteurs de pommes du Québec, attend que la McIntosh rougisse dans son verger d’Havelock. Crédit photo : Gracieuseté de Mario Bourdeau

Dans la moyenne

La production suit tout de même la moyenne des deux années précédentes, selon l’estimation de la récolte 2018. « Les producteurs sont tannés de la chaleur, mais on n’est vraiment pas en panique. On a une bonne récolte jusqu’à présent », souligne M. Bourdeau.

D’ailleurs, les canicules auront contribué à écarter la tavelure du pommier, un champignon qui provoque la défoliation des arbres et rend leurs fruits impossibles à commercialiser. Lors de la première cueillette, le vice-président signale avoir noté qu’il y avait très peu de défauts liés aux insectes et qu’il y a donc eu moins de traitements phytosanitaires à faire. 

La menace hivernale

M. Bourdeau ajoute que les vergers ne sont pas tellement éprouvés par la chaleur étant donné que les systèmes d’irrigation suffisent généralement à la tâche. L’hiver est cependant une menace beaucoup plus importante. « Il ne faut pas que nos pommiers soient stressés lorsqu’ils entrent en dormance. Si on a un hiver doux, ça va bien aller », espère-t-il.

Du côté d’Agro-Pomme à Saint-Joseph-du-Lac, on rapporte que plusieurs jeunes pommiers ont souffert du gel de l’hiver dernier. « À certains endroits, la production de fruits est moindre [par rapport] aux autres années. Les bourgeons n’ont pas réussi à se mettre en dormance avec le froid précipité », indique Maude Richard, agronome pour le club-conseils.

Gare au carpocapse

Le carpocapse de la pomme, cet insecte dont la larve se développe à l’intérieur des fruits, a causé des dégâts importants à Saint-Joseph-du-Lac. Avec la rudesse de l’hiver dernier, « on aurait pu penser qu’une bonne partie de la population n’aurait pas résisté », s’étonne encore Maude Richard, agronome pour le club-conseils Agro-pomme.

Toutefois, de 10 à 15 % des vergers de la municipalité ont été éprouvés par ce ravageur qui a entraîné jusqu’à 20 % de pertes chez certains producteurs, selon l’agronome. Celle-ci soulève l’hypothèse d’une résistance du carpocapse aux insecticides.

Du côté d’Havelock, M. Bourdeau commence à observer quelques dommages dans son verger et songe à se tourner vers la méthode de lutte par confusion sexuelle, un traitement phytosanitaire qui consiste à utiliser des diffuseurs à phéromones sexuelles. «  Ce n’est qu’une question de temps, car les populations commencent à augmenter », projette-t-il.