Politique 19 septembre 2018

Les quatre partis débattent pour charmer la relève

SAINTE-MARIE DE BEAUCEOpération séduction pour le Parti libéral du Québec (PLQ), la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) auprès d’une quinzaine de jeunes producteurs de Chaudière-Appalaches venus assister au troisième débat électoral organisé par la relève agricole, le 12 septembre. À l’issue du débat, deux partis ont retenu l’attention de l’auditoire : la CAQ et le PLQ.

CAQ et PLQ

« La CAQ et le PLQ ont l’air plus sérieux dans ce qu’ils offrent et ont une meilleure connaissance des enjeux », mentionne le président régional de la relève, Rémi Busque, résumant d’une certaine manière le sentiment général. La CAQ propose entre autres que « la Caisse de dépôt et placement du Québec puisse s’impliquer dans le financement du Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) afin d’aider les jeunes », indique le candidat Samuel Poulin. De plus, une fois au pouvoir, le parti promet 50 M$ par an dans un programme de soutien à l’investissement pour notamment appuyer la relève. Le FIRA fait consensus auprès des trois principaux partis : il doit être plus flexible et modernisé. « Votre défi, ce n’est pas d’investir, souligne le candidat libéral Pierre-Luc Daigle, mais il faut créer un levier. Nous, on va être capables de créer l’effet [de levier] qui va vous permettre d’investir et de profiter des autres programmes. » Le PLQ s’engage, s’il est réélu, à améliorer les programmes de La Financière agricole du Québec. 

Par ailleurs, les engagements pris par le PLQ « tiennent la route », selon Rémi Busque. « Mais la question qui me revient toujours en tête, c’est pourquoi ne pas l’avoir fait [dans le dernier mandat]? »

REA et taxes

Les partis s’entendent sur le fait que le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) doit être modifié. Cependant, le PQ s’engage à lever le moratoire sur les superficies en culture, « en accord avec [le ministère de] l’Environnement et du MAPAQ », a indiqué Daniel Perron. Régler la question des taxes foncières agricoles fait aussi l’unanimité. À cet égard, le PQ prévoit éliminer le plafond de 5 % et donner 30 M$ aux producteurs pour rembourser l’écart de taxes. Le PLQ propose quant à lui une mesure transitoire de 20 M$ par année. Le candidat assure que le dossier des taxes foncières agricoles sera l’une des priorités du prochain ministre libéral de l’Agriculture. 

Accaparement des terres

Pour le président régional de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), c’est Diane Vincent, de QS, qui se démarque dans le dossier de l’accaparement des terres. Rémi Busque retient que QS dit vouloir s’inspirer de la Saskatchewan pour limiter l’achat de terres par les fonds d’investissement. Le coordonnateur interrégional Sud de la FRAQ, Philippe Pagé, rappelle que le PQ avait présenté un projet de loi là-dessus il y a deux ans. « On a sensibilisé à plusieurs reprises Laurent Lessard, mais on trouve dommage de devoir attendre les élections pour arriver à un engagement ferme là-dessus », mentionne-t-il.  

À Saint-Hyacinthe, le débat a attiré plus d’une quarantaine de participants. Crédit photo : UPA de la Montérégie
À Saint-Hyacinthe, le débat a attiré plus d’une quarantaine de participants. Crédit photo : UPA de la Montérégie

15 débats régionaux sur l’agriculture

Dans une quinzaine de débats en région, les candidats des quatre principaux partis ont répondu à l’appel des fédérations régionales de l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour discuter et débattre des enjeux qui les concernent. 

Quatre débats ont été planifiés par la Fédération de la relève agricole du Québec. « Je pense que c’est la première fois qu’il y a autant de débats régionaux organisés par la relève pour une élection », souligne le coordonnateur interrégional Sud de l’organisation, Philippe Pagé. 

La coordonnatrice à la mobilisation et aux représentations politiques de l’UPA, Véronique Lalande, explique qu’une trentaine de députés élus en 2014 ne se sont pas représentés cette année. « Peu importe le parti qui sera au pouvoir le 1er octobre, il y aura minimalement 30 nouveaux députés.
Nous avions [donc] un travail de sensibilisation et d’éducation à faire auprès de ces aspirants députés », souligne-t-elle. D’autres fédérations régionales souhaitent s’adonner à l’exercice et un décompte plus exhaustif sera effectué après le 1er octobre, indique Mme Lalande.

La gestion de l’offre au débat des chefs

La gestion de l’offre a été au cœur de l’un des échanges les plus animés du débat des chefs télévisé du 13 septembre. François Legault a d’abord réitéré sa position de défense de la gestion de l’offre après une attaque de Philippe Couillard. Le premier ministre sortant a par la suite reproché à Manon Massé sa défense de l’indépendance du Québec comme solution pour l’agriculture, car cela ferait perdre une part de marché canadien aux producteurs de lait de la Belle Province. Jean-François Lisée a fait valoir que le Québec faisait l’acquisition, de son côté, d’autos ontariennes, et que le lait québécois pourrait donc continuer à être acheté ailleurs au Canada si le Québec devenait indépendant.