Politique 12 septembre 2018

La CAQ veut plus d’investissements agricoles

LONGUEUIL — Dans le cadre des élections de 2018, La Terre publie une entrevue avec les chefs des partis politiques qui se disputeront le pouvoir le 1er octobre prochain. Cette semaine, la dernière entrevue, celle réalisée avec François Legault, de la Coalition avenir Québec (CAQ).

D’entrée de jeu, François Legault insiste sur son lien avec les agriculteurs en tant qu’entrepreneur. « Je veux un gouvernement d’entrepreneurs. Ce que j’aime des producteurs, c’est qu’ils prennent des risques », a-t-il lancé en entrevue exclusive avec La Terre dans son autobus de campagne le 5 septembre.

« Au Québec, il faut développer. On importe encore des fruits et légumes et on importe du bœuf », a expliqué le chef de la CAQ, qui se dit « ouvert » à un nouveau projet crédible d’abattoir de bœuf. Le parti promet d’ailleurs de doubler les investissements des entreprises et le secteur agricole ferait partie des secteurs économiques visés. « Je veux regarder pour faire un complément à La Financière agricole du Québec avec Investissement Québec, a affirmé le chef. Je ne voudrais pas qu’aucun agriculteur avec un projet censé ne puisse aller de l’avant pour une raison de financement. »

Un gouvernement de la CAQ promet 50 M$ minimum par an ou l’équivalent de tout le surplus de la Financière dans un programme de soutien à l’investissement, qui couvrirait 50 % des études et 50 % des projets pour un maximum de 100 000 $ par année par ferme. Tous les secteurs seraient admissibles dès la première année. On perçoit une sensibilité particulière pour les serres dont la CAQ veut doubler la superficie et auxquelles le chef promet un nouveau rabais de 40 % sur les tarifs d’électricité.

Soutien au revenu

Les effets indirects de la guerre commerciale avec la Chine mèneraient la CAQ à des interventions pour les secteurs comme le porc et le grain. « Il faut une solution rapide, temporaire, pour compenser la différence [entre le marché et le coût de production] », a affirmé François Legault. 

Le chef de la CAQ ne s’engage pas de façon précise à l’égard d’une réforme plus large du soutien aux revenus agricoles. « Il n’est pas question de reculer en ce qui concerne l’assurance stabilisation des revenus agricoles et les programmes de sécurité. On est ouverts à les bonifier », a répondu le chef sur cette question.

Indirectement, la CAQ veut stimuler les revenus par l’achat local de la part des institutions publiques. « On va demander au ministère québécois de l’Agriculture de déterminer une cible d’achat local pour chaque établissement public », a avancé M. Legault. Ce serait une augmentation substantielle, a-t-il promis. 

Taxes foncières et accès aux terres

Le chef de la CAQ dit vouloir régler le -dossier de la taxation foncière agricole dès la première année. « Ce qu’on a proposé, c’est de commencer par ce qui se fait en Ontario », a mentionné François Legault, en parlant d’une taxation de 75 % inférieure pour le secteur agricole. « Je sais qu’en Montérégie, il faudrait aller plus loin que ça. Certaines terres valent plus cher et il faudrait mettre un maximum », a-t-il ajouté.

La CAQ n’interviendrait pas auprès des acteurs financiers qui achètent des terres. « Il faut voir d’abord s’il y a un problème d’accaparement des terres. Je ne suis pas certain qu’il y en ait un », a répondu le chef. Quant aux difficultés de la relève, François Legault affirme qu’il s’agit plutôt là d’une « question d’accès à un financement ». 

Salaire minimum

Un gouvernement caquiste n’augmenterait pas le salaire minimum à 15 $. « On continue d’y aller prudemment en fonction du salaire moyen », a précisé François Legault, qui se dit ouvert à une compensation « production par production » si la hausse du salaire minimum dépassait l’inflation.

Environnement

« On veut enlever le moratoire [sur les superficies en culture] rapidement, la première année », a lancé M. Legault. La CAQ parle d’un « déséquilibre » actuel dans les règles environnementales imposées aux petits entrepreneurs, surtout quand c’est « inéquitable » par rapport aux produits importés.

Territoire agricole

Finalement, la CAQ propose que le gouvernement s’implique dans certains dossiers relatifs au territoire, sans nécessairement changer la loi. « Je veux que le gouvernement ait plus de leadership pour discuter avec l’Union des producteurs agricoles », a affirmé le chef, qui parle d’une « négociation » pour « trouver un équilibre » dans l’approbation de projets.