Ma famille agricole 16 septembre 2018

Le verger, quartier général familial

SAINT-JOSEPH-DU-LAC — « Ce n’est pas parce que je suis un vieux pommier que je donne de vieilles pommes », a dit Félix Leclerc. C’est aussi ce que se plaît à dire André Trottier, qui transmet sa passion du métier à ses fils avec énergie, philosophie et un brin d’humour.

Le propriétaire du Verger Trottier ne l’a pas eu facile il y a quelques années. Son fils Marc-André parle d’un « vingt ans de misère » que la famille a dû traverser. « En 2010, on a arraché la moitié du verger avec le déclin [de l’industrie]. On a touché le fond. Mais quand tu vois le fond, ça peut juste aller mieux après. Et quand ça va mieux et que tu aimes ce que tu fais, bien tu replantes des pommiers », raconte-t-il. 

Au fil de la discussion, force est de constater que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. « Il ne faut pas se laisser abattre au premier obstacle, martèle le père. Il faut réessayer et on finit par l’avoir. » Dans cet esprit, André estime avoir donné « l’un des plus beaux cadeaux » à ses deux fils : « Le goût du travail et des choses bien faites. »

Du plus haut point du verger familial de onze hectares, on a une vue imprenable sur Montréal.
Du plus haut point du verger familial de onze hectares, on a une vue imprenable sur Montréal.

Chacun sa business

André et ses deux fils ont aujourd’hui chacun leur entreprise, dont le « siège social » est au verger, qui existe depuis 1925. Jonathan exploite sa compagnie d’excavation et travaille avec plusieurs pomiculteurs de la région. Pendant ce temps, Marc-André loue des vergers et tient le magasin appartenant à son père, qui lui, gère l’autocueillette sur sa terre.

« Notre point de ralliement est ici. Ça fait deux jours que j’y dîne. On parle de toutes sortes de choses. Ça fait ma journée! » lance Jonathan. 

Leur modèle d’affaires les amène aussi à œuvrer tous ensemble, comme durant la période des arrosages au printemps. Gaëlle Charpentier, la conjointe de Marc-André, met également la main à la pâte, en plus d’exercer sa profession d’agronome chez Agro-Pomme. Elle travaille « un peu partout », tant dans la paperasse qu’au marché public pour vendre les stocks. 

Les uns pour les autres

« C’est une force de pouvoir s’entraider », mentionne Jonathan, admettant qu’il leur arrive de se « chicaner un peu ».

Au-delà des conflits et des années plus difficiles, la famille demeure une valeur inestimable pour André. « Je dis aux gens que je suis millionnaire, mais je ne suis pas si riche que ça! Ma richesse ne se dépose pas dans un compte de banque. »

Et pour ses héritiers, « c’est encourageant de le voir aller. Il est là et il ne lâche pas », confie Jonathan.