À coeur ouvert 29 août 2018

Séparation : quand la résilience l’emporte sur la culpabilité

Une séparation s’accompagne toujours d’émotions désagréables. Parmi celles-ci, on retrouve la culpabilité. Peu de parents y échappent. Le poids de la culpabilité envers les enfants pèse encore plus lourd sur celui qui a pris l’initiative de la rupture. Madeleine* a eu à affronter ce douloureux sentiment. Elle culpabilisait d’autant plus qu’elle avait l’impression de les avoir dépossédés, comme elle nous l’écrit, « du plus bel héritage qu’un parent puisse offrir à ses enfants », soit la vie avec eux dans une ferme. Voici un premier extrait de sa lettre :

coeur_ouvert« […] Par mes décisions, je prive mes enfants du plus beau milieu de vie, une semaine sur deux. Et c’est par ma faute, tout ça! Ce milieu de vie dans lequel j’ai grandi, j’ai appris, ce milieu que j’idéalisais pour élever mes enfants, fonder une famille, ce milieu que j’ai quitté. Je me souviens de ces journées à la fois longues, mais qui passaient trop vite, à travailler, à expliquer pourquoi on fait ça, comment on fait ça… […] En fait, j’ai cet énorme sentiment de culpabilité de leur enlever ce qu’ils ont de plus précieux, la ferme, et en échange, de n’avoir rien à leur offrir… » 

La culpabilité, ce déplaisant malaise intérieur, prend ses racines dans l’impression, réelle ou imaginaire, d’avoir commis une faute, d’avoir mal agi, d’être allé à l’encontre de ses valeurs. La culpabilité n’est pas toujours mauvaise. En effet, quelqu’un qui n’en éprouve jamais s’appelle un psychopathe. À l’opposé, lorsqu’on pèse trop vite et trop longtemps sur le piton de la culpabilité, on peut se torturer inutilement. 

Surmonter sa culpabilité

Comment surmonter une culpabilité malsaine? Plus facile à dire qu’à faire, vous direz. Tout d’abord, personne n’est un parent parfait, séparé ou en couple. 

Notre culpabilité peut se nourrir d’exigences parentales trop élevées. On agit au mieux pour les enfants tout simplement en leur manifestant de l’intérêt et de l’amour, en leur offrant une présence rassurante et sécurisante et en ne les mêlant pas aux conflits des parents. 

On doit aussi accepter que oui, divorcer implique des conséquences sur nos enfants, inévitablement. Par contre, on oublie les « peut-être que si », si, si, si… On ne refait pas le passé. On doit se rappeler la décision mûrement réfléchie, les motifs du départ. 

S’ouvrir au versant positif

Plutôt que de se laisser envahir par la culpabilité, on doit chasser la petite voix intérieure qui ne nous montre que le négatif de notre nouvelle situation pour s’ouvrir au versant positif. C’est ce qu’a fait Madeleine. Ça lui a permis de réaliser qu’elle n’offrira peut-être pas l’héritage prévu au départ, mais qu’elle en léguera un de taille : 

« […] J’ai choisi de combattre la culpabilité et de la remplacer par des privilèges. Ainsi, je me déculpabilise par rapport à mes décisions. Plutôt, je me donne le privilège d’offrir du demi-temps différent à mes enfants. À sa plus simple expression, j’ai du temps avec mes enfants, ce temps qui passe si vite! Ce temps que je n’ai jamais osé prendre avec eux. Eux qui sont ma priorité. Un dessin. Une game de soccer dehors. Une partie de Monopoly junior. Un livre. […] Depuis ma séparation, je savoure chaque instant avec mes enfants. J’ai adopté la résilience comme code de vie. Ce sera assurément mon plus bel héritage. »

Pour reprendre une phrase de la série télévisée This Is Us : « On peut prendre les citrons les plus amers et en faire quelque chose qui ressemble à de la limonade. » Madeleine en prépare une délicieuse. * Prénom fictif