Actualités 6 août 2018

Forces et faiblesses des diverses approches pour recommander l’azote destiné au maïs

Peu d’enjeux de l’agriculture québécoise représentent un défi agronomique aussi important que la détermination de la dose économique optimale (DÉO) d’azote (N) pour le maïs. 

Des impacts environnementaux considérables, une charge économique immense (environ 70 M$/an pour les producteurs québécois) et une complexité scientifique singulière caractérisent cette question toujours d’actualité aujourd’hui. Malgré son importance et les innombrables travaux de recherche sur le sujet, l’azote est encore absent des rapports d’analyse de sol régulière. 

L’approche dite « du rendement visé » (« plus de rendement exige plus d’azote ») est dépassée, entre autres parce qu’elle amène une surfertilisation d’environ 45 à 85 kg N/ha. 

Bien qu’ayant permis d’énormes progrès, en se rapprochant de la DÉO d’azote vérifiée, la méthode actuellement la plus utilisée au Québec comporte aussi son lot d’imprécisions, notamment parce qu’elle ne peut tenir compte de la fourniture d’azote par le sol (minéralisation), soit le facteur exerçant le plus d’influence sur les besoins en N dans un champ de maïs. 

C’est justement cette lacune que visait à combler le fameux « PSNT » par une mesure des nitrates dans le sol en post-levée. Développé au Vermont au début des années 1980, le PSNT est aujourd’hui recommandé dans 18 États du nord-est des États-Unis, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Il offre une fiabilité supérieure aux autres méthodes d’analyse du sol et, parce qu’il est effectué relativement tôt en post-levée (stade V6), il permet d’ajuster le complément de fertilisation pour la saison en cours, contrairement aux méthodes d’analyses de tissus, qui ne sont fiables que si celles-ci sont effectuées plus tard en saison. 

Les nouvelles technologies, telles que la lecture des propriétés spectrales de la canopée couplée à l’application à taux variable, ou encore l’outil informatique Adapt-N de l’Université Cornell, connaissent un grand succès autant en termes de superficies couvertes que d’amélioration de la rentabilité de la culture.

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Des gains concrets à faire

Une première étape vers des recommandations plus près des DÉO serait d’accroître l’adhésion des producteurs aux outils déjà disponibles. Regrouper les producteurs en réseaux de collaborateurs qui coopèrent pour partager des évaluations de leurs pratiques, aidés par des chercheurs et des agronomes, c’est ce qu’on appelle la « gestion adaptative », une forme d’apprentissage en continu qui amènerait des gains concrets autant pour les producteurs que pour la société en général.