Environnement 30 juillet 2018

Au moins 250 fermes manquent de foin

L’Opération foin est mise en branle depuis une semaine et déjà, plus de 250 entreprises ont déclaré avoir besoin de fourrages dans l’est du Québec. Au 27 juillet, cela représentait plus de 17 000 petites balles, 13 000 grosses balles, 50 000 balles rondes, 4 800 tonnes d’ensilage en vrac et 1 100 tonnes d’ensilage de maïs en vrac.

C’est la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent qui prend les choses en main en coordonnant un regroupement d’achat et de vente de foin pour faciliter les recherches des producteurs affectés par la sécheresse dans l’est de la province. L’UPA sollicite les producteurs des régions affectés par courriel et par téléphone, collige l’information, analyse les demandes et jumellent les producteurs. « On veut essayer d’organiser le transport aussi », souligne la directrice régionale, Johanne Laplante.

Selon les informations colligées, les fourrages à vendre proviennent principalement du Québec, mais aussi du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario.

10 pieds de poussière

Au Bas-Saint-Laurent, le concours du champ le plus sec est presque lancé… Près de La Pocatière, Pascal Pelletier a été stupéfait de constater qu’un trou effectué par une pelle hydraulique à 10 pieds de profondeur laissait voir de la terre en poussière.

Dans un scénario optimiste où il pleuvrait aux trois jours, le producteur pourrait récolter une troisième coupe intéressante. Autrement, son entreprise devra se procurer près de 500 balles de plus que les 750 qui auront déjà été achetées.

La productrice laitière sous régie biologique Liliane Lavoie a déjà demandé une dérogation à son certificateur. Elle espère obtenir la permission d’acheter un foin non certifié, mais qui n’a pas reçu d’intrants chimiques. « On n’achète jamais de foin habituellement. Mais on n’aura pas le choix; même les pâturages n’ont plus rien pour nourrir les vaches. On a peur », confie-t-elle.

Mario Théberge pose dans son champ de plantes fourragères décimées par le temps sec. « Il n’y a plus rien de bon, juste une couple de pissenlits », témoigne-t-il.  Crédit photo : Gracieuseté de Mario Théberge
Mario Théberge pose dans son champ de plantes fourragères décimées par le temps sec. « Il n’y a plus rien de bon, juste une couple de pissenlits », témoigne-t-il. Crédit photo : Gracieuseté de Mario Théberge

« C’est scrap! »

« Le mal est fait. Même avec la pluie, il n’y aura rien à récolter. La deuxième coupe, c’est scrap », se désole le président de la Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Mario Théberge, dont la ferme est située à Normandin.

« Tantôt on va parler de détresse psychologique pour vrai dans la région », affirme Michel Frigon à Albanel.

Le MAPAQ s’implique

Le ministère de l’Agriculture soutiendra l’Opération foin de diverses manières. D’abord, conjointement avec La Financière agricole du Québec, le MAPAQ verra à mettre en place des interventions individualisées. « Nos agronomes sont également mis à contribution pour offrir, dès maintenant, des conseils et trouver des solutions sur le terrain », atteste le porte-parole Yohan Dallaire Boily. Aussi, le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, a indiqué que Québec soutiendrait financièrement les efforts de coordination déployés.

Avec la collaboration de Martin Ménard.