Environnement 31 juillet 2018

La pluie arrive au bon moment pour les bleuets du Lac-Saint-Jean

Soupir de soulagement chez les producteurs de bleuets sauvages du Lac-Saint-Jean éprouvés par la sécheresse. Certains ont reçu 26 mm de pluie en 48 h au milieu de la semaine dernière, d’après Agrométéo Québec, mais par endroits, le mal est déjà fait. 

La région la plus touchée par le manque d’eau, le croissant reliant Saint-Prime à Sainte-Jeanne-d’Arc, a reçu de 15 à 26 mm de pluie en deux jours. Le président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ), Daniel Gobeil, estime cependant que la sécheresse a déjà occasionné le détachement de 25 % à 60 % des fruits sur certains plants de bleuets.

Même s’il salue l’arrivée de cette pluie, le producteur Ghislain St-Pierre, d’Albanel, constate que chez lui, certains pieds de plants « sont rougis ». « Les feuilles tombent toutes seules parce qu’elles sont brûlées et les bleuets ont séché et sont tombés », ajoute-t-il. 

La moitié des bleuets qui ont réussi à se développer « sont très rachitiques », renchérit M. Gobeil. « S’il n’y a pas de pluies importantes d’ici la récolte, ces bleuets-là seront trop petits et passeront à travers les peignes. Ils ne seront pas récoltables. Si c’est le cas, ce sera catastrophique », assure-t-il. L’inverse est aussi vrai, nuance cependant le producteur. Si la pluie venait à tomber aux trois jours au cours des deux ou trois prochaines semaines, les bleuets restant sur le plant grossiront « comme du pop-corn ». 

Plusieurs producteurs pensent qu’il est trop tôt pour estimer les pertes et que la réelle évaluation se fera entre le 8 et le 10 août, lorsque les fruits cesseront leur croissance pour arriver à maturité. La récolte est prévue pour le 15, soit une semaine et demie plus tard qu’à l’habitude.

Deux ans

Le président du SPBQ, Daniel Gobeil, s’inquiète aussi pour l’an prochain. Il constate que les plants qui ne sont pas en production cette année « sont petits et ont la tête par en bas ». « Si ça continue comme ça, ils ne feront pas beaucoup de bourgeons. Cette sécheresse-là pourrait nous donner deux mauvaises années », analyse-t-il.  

S’il ne pleut pas davantage sur ses champs, Luc Bérubé pourrait enregistrer une baisse de rendement d’au moins 35 %. Gracieuseté de Luc Bérubé.
S’il ne pleut pas davantage sur ses champs, Luc Bérubé pourrait enregistrer une baisse de rendement d’au moins 35 %. Gracieuseté de Luc Bérubé.

Les pommes de terre ont souffert aussi

Malgré les 25 à 50 mm de pluie que les producteurs de pommes de terre ont reçus durant la semaine du 25 juillet au Québec, une baisse de rendement pourrait être observée dans les champs de la province, indique le président des Producteurs de pommes de terre du Québec, Francis Desrochers.

Pluie

À Trois-Pistoles, Luc Bérubé a reçu 20 mm de pluie les 25 et 26 juillet. « Nous continuons d’irriguer, car la butte des rangs n’a pas été toute mouillée dans les sols plus sableux », indique ce dernier. Il est trop tôt pour chiffrer les pertes, mais s’il ne pleut pas davantage dans sa région, le producteur craint « une baisse de [rendement] de 35 % au minimum, attribuable à un nombre inférieur de tubercules par plant et à un calibre plus petit ». Au Québec, les terres sableuses qui n’étaient pas irriguées pourraient voir leur rendement diminuer de 60 %. Selon M. Desrochers, les champs argileux s’en tirent mieux. 

Surpris

À une semaine de l’arrivée des « volumes » en épicerie, le bilan de mi-saison n’est pas catastrophique. « Les producteurs sont agréablement surpris du rendement malgré tout, selon ce que j’entends », rapporte M. Desrochers. Dans ses champs de Lanaudière, le 26 juillet, le rendement s’avérait inférieur de 10 à 20 % à celui de 2017. Cependant, la saison n’est pas terminée et de la pluie est annoncée cette semaine. La situation peut donc encore évoluer.

Avec la collaboration de Martin Ménard