Actualités 19 juillet 2018

Quand Agri-Dad n’est plus là…

J’ai vécu en 2017 l’une des deux plus grandes pertes qu’un enfant peut vivre : le décès de l’un de ses parents. Le 8 mai, mon papa s’est éteint…

Quoique nous nous y attendions quelque peu depuis 5 ans, cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans mon cœur d’enfant de 38 ans. Mon papa, mon modèle, ma référence ne pourrait jamais plus me prodiguer de conseils, ne pourrait jamais plus écouter mes tristesses de bergère ou mes bons coups.

Cet homme que la vie n’a pas toujours choyé était d’une infinie bonté et d’une grande sagesse. Atteint d’une maladie dégénérative depuis longtemps, il ne s’est jamais laissé abattre. Bien sûr, il a dû vivre des deuils, dont le plus grand sûrement, la vente de son troupeau, mais généreux comme pas un, mon papa a tout de même conservé ses terres, sachant qu’un jour je reprendrais le flambeau à sa suite.

agrimom_bigbox

Homme de passion, mon papa était un amant de la nature. Pour lui, rien n’était plus agréable que de passer des journées en forêt avec son tracteur (l’agriculteur n’était jamais bien loin non plus). Observer la nature et sa faune faisait partie d’un de ses plus grands bonheurs. Tous ceux qui l’ont connu savent que sa plus grande passion était les bernaches du Canada. Grand amoureux de ce majestueux oiseau, ses dernières années de chasse l’ont souvent amené à les observer, sans arme. Juste être là, dans sa cache avec son thermos de café à les regarder une journée entière, les observer, étudier leur comportement.

Malheureusement, la maladie ayant pris le dessus, mon papa ne pouvant plus vaquer à ses activités a dû passer les cinq dernières années de sa vie en CHSLD. La tâche était devenue trop lourde pour ma maman, qui en avait déjà fait énormément pour son époux. D’homme très actif, mon papa s’est vu confiné à un fauteuil roulant… Difficile à accepter pour un homme de sa trempe, mais il l’a accepté malgré tout. Étant dans le même village, mon papa a pu bénéficier de nombreuses visites tout au long de son séjour en CHSLD; il n’a pas été abandonné, loin de là! Il a été aimé par ses infirmières et préposé(e)s, il a reçu les meilleurs soins possible. Pour nous, ces gens sont des anges! Ils font leur travail avec tellement d’amour et de respect qu’il nous est difficile de croire toutes les histoires d’horreur vécues dans d’autres CHSLD de la province. Nous avons d’ailleurs pu mesurer tout l’amour que ces « anges » portaient à mon papa suite à son décès.

Voyez-vous, je ne veux pas faire de ce texte quelque chose de triste. Si je vous parle de mon papa, c’est tout simplement pour dire à quel point je suis choyée de l’avoir eu. C’est grâce à lui que je peux vivre de ma passion, que mon frère peut cultiver nos terres. Mon papa voulait que nous puissions faire ce que nous voulions et nous a offert les outils nécessaires pour y parvenir.

C’est drôle, la vie, puisque depuis son départ, je me surprends souvent à penser à lui quand je fais tel et tel geste, à me dire que lui aussi l’a fait souvent, pendant des années. Partout où je pose le pied, je me dis que lui aussi l’a posé à cet endroit maintes et maintes fois. Je continue donc à suivre ses pas, à marcher dans la même direction.

Mon papa m’a transmis génétiquement son amour de l’agriculture puisque j’ai toujours aimé profondément tous les animaux qu’il m’a été donné de côtoyer.

Je n’ai jamais pu imaginer ma vie sans ces petites bêtes à poils, à plumes et surtout à laine.

Cet héritage reçu de mon papa, je suis en train de le transmettre à mes enfants. Déjà, ils aiment, soignent, cajolent et surtout respectent tous ces petits êtres qui font partie de notre quotidien.

Voilà! Je voulais tout simplement rendre hommage à cet homme si merveilleux qu’était mon papa. Celui qui m’a façonnée et rendue telle que je suis.

Julie Trottier, Agrimom

Pour d’autres textes d’Agrimom, l’agriculture positive, cliquez ici.