Actualités 18 juillet 2018

Elle s’est accrochée à un but

WARWICK — La veille de son opération, Patricia Brullhardt s’est rendue à la ferme voir une dernière fois ses vaches en leur faisant une promesse : « Je ne sais pas quand je vais revenir vous traire, mais je sais que je vais revenir. »

Le 19 juin 2008, à peine un mois après le diagnostic, cette femme de 43 ans se retrouve sur la table d’opération pour entreprendre une rude bataille contre le cancer du sein. Une guerre qu’elle a remportée au terme de trois chirurgies, 22 traitements de chimiothérapie suivis d’une récidive trois ans plus tard qui a nécessité cette fois-là 25 séances de radiothérapie. « Je ne pouvais plus avoir recours à la chimio, car les traitements que j’avais eus étaient cardiotoxiques. Seule la radiothérapie pouvait encore me sauver », raconte l’agricultrice de Warwick.

Le cancer étant déjà une épreuve en soi, celle-ci devient encore plus dramatique lorsqu’on a quitté famille et amis quelques années plus tôt pour s’expatrier au Québec. Arrivé de Suisse en 1995, le couple Brullhardt a déjà trois jeunes enfants (Ralph, 8 ans, Xavier, 5 ans, et Edgard, 14 mois) lorsqu’il s’installe au Centre-du-Québec.

Cette situation particulière jumelée à l’incertitude causée par le cancer incite les Brullhardt à réfléchir à l’opportunité de retourner dans leur pays d’origine. « Sur le moment, on a pensé tout vendre et repartir, mais ce n’était pas la bonne chose à faire. Ce n’était pas le moment de paniquer. On a commencé à s’informer et on s’est rendu compte que d’autres femmes étaient passées à travers cela », confie celle qui avait déjà perdu sa sœur et sa belle-sœur, emportées par le même type de cancer.

En fait, Patricia Brullhardt est persuadée que la décision de poursuivre l’exploitation de la ferme laitière a joué un rôle essentiel dans son rétablissement. « C’est important de se donner un but. Si on avait tout liquidé, j’aurais été démotivée. Là, j’avais quelque chose à quoi me raccrocher. »

Depuis cette période éprouvante, elle a vu ses capacités physiques diminuer durablement. « La chimio produit une fatigue qui ne part jamais, même des années plus tard », témoigne-t-elle.

Bernard Lepage, collaboration spéciale

 

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