Actualités 13 juillet 2018

Un nouvel hôpital sera construit en zone verte

Allant à l’encontre de l’avis de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), le gouvernement a annoncé la construction d’un nouvel hôpital de 1,5 G$ pour la région de Vaudreuil-Soulanges qui sera situé sur 24 hectares (ha) de terres agricoles près de l’autoroute 30.

L’avis publié par la CPTAQ fin mai stipule pourtant que six terrains sont disponibles hors de la zone agricole, dont trois de plus de 24 ha.

« Le site qui a été choisi est le seul à offrir l’espace nécessaire pour la construction de cet hôpital d’envergure et son accessibilité », a déclaré Gaétan Barrette, ministre de la Santé, lors de l’annonce du 29 juin.

Dans son analyse, la CPTAQ fait également ressortir que d’autres services de santé étant déjà localisés ailleurs (CLSC, CHSLD), un centre hospitalier en zone urbaine aurait besoin de 9,3 ha et non de 24. La Commission donne des exemples d’autres hôpitaux au Québec qui sont installés sur une dizaine d’hectares et peuvent même procéder à des agrandissements sans obtenir plus de terrain. La CPTAQ craint que le « pouvoir d’attraction » du centre hospitalier mène à d’autres demandes de dézonage dans le futur. « Le projet contrevient totalement aux objectifs de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles ainsi qu’aux orientations gouvernementales et au Plan métropolitain d’aménagement et de développement », conclut la CPTAQ.

Il y a une différence de prix importante entre les terrains puisque celui en zone agricole peut valoir jusqu’à 80 fois moins que certains terrains de Vaudreuil-Dorion en zone urbaine.

L’annonce du 29 juin explique clairement que le gouvernement peut recourir à un décret pour se soustraire à la CPTAQ après avoir demandé un avis. Le début des travaux est annoncé pour 2022 et la fin est prévue pour 2026.

L’UPA de la Montérégie dénonce

« Ils se dépêchent de faire ça [annoncer l’emplacement de l’hôpital] à la sauvette pour faire plaisir aux deux députés libéraux du coin. C’est inacceptable », lance Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Ce dernier souligne le travail de la CPTAQ, qui a trouvé d’autres sites assez grands et plus accessibles. Le président ne s’oppose pas à l’hôpital, seulement à l’emplacement prévu. Christian St-Jacques estime que cette décision d’empiéter sur le territoire agricole pourrait devenir un enjeu électoral.

Steven Guilbeault, d’Équiterre, a déclaré au Journal de Montréal qu’il était « inacceptable » de ne pas considérer les autres sites et qu’il serait possible, selon lui, de contester l’expropriation devant les tribunaux pour faire respecter l’avis de la CPTAQ.

Le cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n’avait pas répondu aux questions de La Terre sur les autres sites possibles au moment de publier.

L’UPA et les environnementalistes défendent le territoire agricole

Quatre groupes de défense de l’environnement, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Nature Québec et Vivre en ville, sont sortis publiquement le 4 juillet pour dénoncer de façon plus large la pression constante sur les terres agricoles et les milieux humides qui « dilapide » notre garde-manger. Les quatre organisations accusent le monde municipal de mener des interventions contre la protection de l’environnement et du territoire.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) a renchéri sur la protection du territoire agricole, toujours le 4 juillet, en collaboration avec les quatre groupes précédents. « Même si la gouvernance de proximité est un objectif légitime, le gouvernement du Québec doit freiner l’appétit des municipalités et mieux protéger la zone agricole », a déclaré Marcel Groleau, président de l’UPA.