Actualités 9 juillet 2018

Les États-Unis lèvent les tarifs sur le papier surcalandré

Il s’agit du premier règlement d’un conflit commercial depuis l’arrivée au pouvoir du président Trump. Les États-Unis ont levé leurs tarifs de l’ordre de 20 % sur le papier surcalandré canadien qui sert aux publicités et aux magazines.

La décision est survenue peu après qu’un panel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) eut donné tort aux États-Unis dans ce dossier. Il faut dire aussi que la plainte à l’origine de ces tarifs avait déjà été retirée par le plaignant et que ce conflit commercial pouvait donc se régler rapidement. Il subsistait néanmoins un doute puisque l’administration Trump ne suit pas la logique habituelle dans les dossiers de commerce international.

En contravention

Le tribunal de règlement des différends de l’OMC était parvenu à la même conclusion que celui de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) l’an dernier à savoir que les États-Unis contrevenaient à plusieurs de leurs obligations internationales en matière de commerce. Le panel de l’OMC recommandait donc à notre voisin du Sud de mettre fin à ses tarifs en vigueur depuis 2015. Ceux-ci s’élèvent à 17,87 % pour Résolu, à 20,18 % pour Port Hawkesbury, de la Nouvelle-Écosse, et à 18,85 % pour Irving et Catalyst, de la Colombie-Britannique.

Washington estimait au départ que les producteurs canadiens de ce papier bénéficiaient d’une subvention déloyale sous forme de tarifs d’électricité avantageux. L’OMC lui donne tort.

Levée des tarifs

« Cette plainte était injustifiée et insensée. L’OMC nous donne raison », a commenté Karl Blackburn, porte-parole de Résolu, peu avant la décision américaine. Ce dernier a rappelé que la plainte de l’entreprise Verso a été retirée moyennant un paiement de 42 M$ de deux producteurs canadiens (Irving et Hawkesbury). L’autre plaignante américaine, Madison, n’est plus dans les affaires. « La raison derrière les tarifs ne devrait plus tenir », estimait alors Karl Blackburn, qui ne s’était pas trompé. Résolu devrait donc récupérer quelque 60 M$ de droits payés sur ce type de papier depuis 2015. Les travailleurs des usines de Kénogami et de Dolbeau pourront pousser un soupir de soulagement.

Papier journal

Quant au conflit commercial sur le papier journal, son règlement pourrait prendre encore plusieurs mois. Et Karl Blackburn, de Résolu, n’est pas particulièrement optimiste, même si une large coalition de journaux américains appuie les producteurs de papier canadiens. La plainte de la compagnie Norpac est toujours maintenue et il n’y a pas encore de décision des tribunaux internationaux de commerce (OMC, ALENA). « C’est un non-sens », a lancé Karl Blackburn, qui estime que plusieurs milliers d’emplois sont en jeu aux États-Unis, notamment dans les journaux régionaux qui peinent à payer le papier plus cher dans un contexte d’accaparement des revenus publicitaires par les géants du Web.