Actualités 8 juillet 2018

Des valeurs fertilisantes variables

Tous les lisiers et fumiers ne sont pas identiques. Avant de travailler avec un type d’amendement organique ou un autre, mieux vaut savoir ce qu’il renferme et à quel moment l’épandre.

Plusieurs facteurs influencent la composition des lisiers et des fumiers et leur pouvoir fertilisant. La catégorie d’animaux d’où proviennent les déjections et leur alimentation ne représentent que deux de ceux-là. L’âge des bêtes, la méthode de stockage et le temps de décomposition des fumiers solides ont aussi un impact.

Gérald Villeneuve, agronome au club-conseil Ageo-Club.
Gérald Villeneuve, agronome au club-conseil Ageo-Club.

Selon Gérald Villeneuve, agronome au club-conseil Ageo-Club, le principal facteur qui caractérise les différents lisiers et fumiers, c’est l’accessibilité à l’azote organique, un élément nutritif que les végétaux peuvent absorber. « La valeur d’azote totale n’est pas celle qui doit être prise en compte, indique-t-il. L’azote peut exister sous des formes inaccessibles pour les végétaux, mais pas l’azote organique. »

Composition

Les ruminants reçoivent des rations à base de fourrages, alors que les porcs, eux, s’alimentent principalement de céréales. La composition des déjections sera donc différente selon la catégorie d’animaux.

Le fumier de bovins contient une part de fourrages non digérés. Ajoutez à cela les matériaux de litière qui sont parfois faits de paille et vous obtenez un fumier riche en cellulose et en lignine. Celui-ci renferme des éléments nutritifs comme des sucres et de l’azote, qui devront d’abord être décomposés dans le sol par des microorganismes. Après la mort et la décomposition de ces derniers, l’azote deviendra assimilable par les plantes.

« Le lisier des bovins laitiers contient environ 25 % d’azote ammoniacal sous forme absorbable par les végétaux, ajoute l’agronome. Pour les lisiers de porcs, c’est 80 %. »

Cela dit, le fumier de bovins libérera de l’azote organique grâce au travail de dégradation de ses composants fibreux. « La quantité produite va dépendre de la santé du sol, du temps alloué à la décomposition, mais aussi de l’oxygénation du sol », précise M. Villeneuve. Un sol sablonneux, par exemple, aura un avantage sur un sol argileux.

Épandage post-levé sur maïs. Crédit photo : Ageo-Club
Épandage post-levé sur maïs. Crédit photo : Ageo-Club

Chaque culture a ses besoins

Si les lisiers et fumiers sont différents les uns des autres, les besoins des cultures varient tout autant, souligne l’agronome. « Les prairies, par exemple, sont très gourmandes, dit-il. Il faut que l’engrais organique soit prêt à être assimilé rapidement. »

Selon lui, le moment d’application du fertilisant compte énormément. « Le blé monte en orgueil si on lui administre trop d’azote, dit-il. Il n’y a pas de place à l’erreur : il faut ajouter juste la bonne quantité de fertilisants. » Les fertilisants minéraux ont un avantage à ce niveau parce qu’ils offrent plus de précision.

Pour le maïs, c’est différent. Trop de fertilisants ne nuiront pas à la production, selon le spécialiste. « On peut même attendre jusqu’à juillet avant d’ajouter de l’engrais », mentionne-t-il. Si l’on cultive du maïs après une culture de blé, on peut fertiliser la terre avec du lisier juste après la récolte de la céréale.

Ainsi, on travaillera surtout avec du lisier de porcs au printemps, alors que les agronomes recommanderont l’épandage de fumier de vaches principalement à l’automne. 

Fosse à purin vue d’un hélicoptère. Crédit photo : Martin Ménard/TCN
Fosse à purin vue d’un hélicoptère. Crédit photo : Martin Ménard/TCN

Martin Primeau, journaliste