International 22 juin 2018

Saputo donne raison aux États-Unis sur la classe 7

Lino Saputo Jr., chef de la direction de Saputo, a affirmé le 18 juin dans une entrevue à La Presse canadienne qu’il était d’accord avec la demande américaine de mettre fin à la classe 7 pour le paiement du lait.

« C’est comme s’ils voulaient le beurre et l’argent du beurre; cela n’a aucun sens pour moi », a déclaré l’industriel laitier, en parlant des producteurs de lait, ajoutant : « Vous ne pouvez pas conserver le système de gestion de l’offre de lait et avoir une classe de lait en concurrence avec les marchés mondiaux en même temps », a-t-il affirmé à Reuters le 19 juin.

Ce faisant, il répond favorablement à la récente suggestion allant en ce sens du secrétaire américain à l’Agriculture, Sonny Perdue. Cette déclaration de Saputo a fait sursauter les Producteurs laitiers du Canada (PLC), qui continuent de défendre la classe 7. « Bien que ces commentaires nous aient pris par surprise, peut-être sont-ils la résultante de la confusion générée par les commentaires du gouvernement portant sur la flexibilité dans le cadre des négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain. Malgré cela, l’association qui représente les transformateurs laitiers au Canada continue d’appuyer et la classe 7 et la gestion de l’offre. Ainsi, le secteur parle d’une seule voix », a déclaré Jacques Lefebvre, chef de la direction des PLC.

« C’est un manque d’information ou une méconnaissance [qui explique la déclaration de Lino Saputo Jr.] », a commenté Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), qui rappelle que l’Association des transformateurs laitiers du Canada (ATLC), dont Saputo fait partie, avait approuvé l’entente sur les ingrédients laitiers qui a mené à la classe 7 et soutient la gestion de l’offre.

Saputo n’avait pas répondu à la question de La Terre sur ce changement de position par rapport à l’ATLC au moment de publier.

Le Canada ne fait pas le poids

Les PLC remettent en question l’effet négatif de la « concurrence » du Canada sur le marché américain qui fait partie des déclarations de Saputo et de Perdue.

L’organisation soumet que la production de lait canadienne représente moins de 1 % de la production mondiale et qu’une très faible partie de ce volume est exportée, surtout des solides non gras.

Selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les transformateurs ne peuvent pas exporter un fromage fabriqué à partir de lait payé moins cher que ce qu’ils paient à l’intérieur du pays. Leur produit ne peut donc pas concurrencer un fromage américain qui est fabriqué à 100 % avec du lait au prix mondial.

De leur côté, les États-Unis ont exporté près de 19 % de leur production laitière en 2017. Le U.S. Dairy Export Council a par ailleurs annoncé son intention d’augmenter à 20 % la part de la production américaine de lait qui est exportée d’ici 2023.

Le visage américain de Saputo

Saputo est bien implantée aux États-Unis avec 24 usines, soit 2 de plus qu’au Canada. Elle est d’ailleurs l’un des trois plus importants producteurs de fromage au sud de la frontière. L’entreprise y produit également des concentrés de protéines laitières et d’autres ingrédients laitiers.