Alimentation 14 juillet 2018

C’est possible d’exporter aux États-Unis même quand on est petit!

« On s’est rendu compte qu’en se regroupant et en faisant de la qualité, on est capables de vendre aux États-Unis, même si on est petits », témoigne Simon Leblanc, maraîcher de Lanaudière.

Sa famille et lui vendent aujourd’hui 50 000 boîtes de choux napa et près de 9 000 boîtes de courges kabocha par année à New York, en Floride et au Texas notamment. « C’est rendu pas mal important, l’exportation; ça représente 75 % des ventes totales de l’entreprise », précise le copropriétaire de la Ferme J-L Leblanc, à Saint-Jacques.

Débuts difficiles

Les premiers essais de l’entreprise pour le marché de l’exportation n’ont pas été convaincants. Sa récolte de melons coréens commandés par un commerçant a été déclassée. « Les melons étaient beaux, mais la couleur n’était pas au goût de l’acheteur; il a fallu tout scraper. Disons que ça m’a refroidi », se remémore Simon Leblanc.

Simon Leblanc (au centre) et d’autres petits producteurs se sont regroupés pour vendre des choux napa aux communautés asiatiques des États-Unis, un marché qu’ils auraient pu difficilement développer seuls. Crédit photo : Gracieuseté de la Ferme J-L Leblanc
Simon Leblanc (au centre) et d’autres petits producteurs se sont regroupés pour vendre des choux napa aux communautés asiatiques des États-Unis, un marché qu’ils auraient pu difficilement développer seuls. Crédit photo : Gracieuseté de la Ferme J-L Leblanc

Une découverte

Son agronome Julie Nichols lui parle, l’année suivante, de choux napa, des légumes prisés par les communautés asiatiques aux États-Unis et dont la culture est légèrement plus facile que celle des choux-fleurs que la famille produisait avant. Le maraîcher apprécie la mise en marché « transparente » de ce produit. Il connaît le prix de vente final, la marge que prend son courtier et le coût du transport. « Les choux napa, c’est avec ça qu’on a fait le plus d’argent », atteste M. Leblanc. Il nuance ses propos en soulignant qu’il a laissé ses dernières récoltes au champ l’an dernier en raison de prix trop bas. Une première depuis qu’il cultive ces légumes.

Les acheteurs américains savent reconnaître la qualité, assure Simon Leblanc. Le maraîcher se dit avantagé par le climat de sa région située sur la rive nord du fleuve. Il est impressionné par cette reconnaissance, surtout qu’« au Québec, nos produits n’étaient pas reconnus dans les chaînes. On faisait même rire de nous autres parce qu’on était petits », confie-t-il. 

Se regrouper pour exporter
L’agriculteur Simon Leblanc mentionne qu’il pourrait difficilement avoir accès au marché d’exportation s’il agissait seul. Il emploie les services de l’entreprise Organzo, créée par l’agronome Julie Nichols, qui vend les légumes asiatiques de petits et moyens producteurs québécois à l’étranger. Et ce n’est pas seulement de la vente, puisque Mme Nichols visite les fermes et veille à ce qu’elles obtiennent des revenus intéressants. Cela dit, la production de ce type de légume est en vogue et la présence de nouveaux joueurs peut quelquefois faire baisser les prix.

« Quand ça arrive, nous avons la stratégie de laisser les légumes au champ au lieu de les vendre à un prix dérisoire. Sinon, les acheteurs se servent de ton prix bas comme référence », indique-t-elle. Julie Nichols travaille à développer une production de légumes asiatiques au Panama pour consolider sa présence auprès de ses clients, en les approvisionnant sur une plus longue période.