Économie 11 mai 2018

Le prix du lait à la ferme poursuit sa chute

Où s’arrêtera la dégringolade du prix du lait à la ferme? Après des mois de baisse constante, il vient d’atteindre son plus bas niveau depuis 2004.

En avril, le prix du lait à la ferme a atteint les 64,12 $/hectolitre à la composition de référence, soit une chute de plus de 4 % en un mois. « Il manque au moins 8 $/hectolitre pour couvrir le coût de production », se désole le président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre, en entrevue à La Terre.

Ce « prix absolument inacceptable » s’explique en grande partie par la diminution des ventes de lait de consommation, une classe payante. Une plus grande part de la production a donc été redirigée vers la fabrication de beurre, générant ainsi des surplus de solides non gras (SNG), qui tirent le prix vers le bas.

Solution et mécontentement

Inquiets de la pérennité des fermes laitières, les PLQ plaident pour une augmentation de prix. L’organisation demandera à la Commission canadienne du lait (CCL) d’entamer un processus de consultation pour revoir le prix à la hausse. « Les circonstances demandent une correction rapide, soutient Bruno Letendre. Ça prend des mesures exceptionnelles. »

À l’annonce de ce nouveau recul du prix, les producteurs se sont déchaînés sur les réseaux sociaux. Plusieurs accusaient les transformateurs de tirer profit de la situation alors que les prix au détail ne bougent pas. Ils étaient également nombreux à s’inquiéter de la santé financière des entreprises qui ont injecté d’importantes sommes dans des projets d’agrandissement et de rénovation de leurs installations.

Plusieurs en appellent maintenant à une réduction de la production. Le président des PLQ reconnaît que la surproduction n’aide pas. « Collectivement, on fait trop de lait », note-t-il. Depuis le 1er mai, le droit de produire a été amputé de 1,5 % et quatre journées additionnelles de production prévues cet automne ont été retranchées. Le comité quota des cinq provinces de l’Est (P5), qui gèrent leur lait en commun, se reverra au début du mois de juin. D’autres mesures pourraient alors être prises.