International 10 mai 2018

Trump ménage le maïs et le pétrole

Tiraillé entre ses partisans des États producteurs d’éthanol de maïs et ceux des États de raffinage pétrolier, le président américain a décidé de ménager la chèvre et le chou.

Une rencontre avec le président Donald Trump a permis une entente de principe qui devrait notamment permettre de hausser la production d’éthanol de maïs aux États-Unis en échange d’un assouplissement pour le secteur pétrolier en ce qui concerne l’utilisation obligatoire d’éthanol.

« S’il y a une augmentation des ventes d’éthanol, c’est sûr que ça va aider le secteur des grains », a commenté Étienne Lafrance, économiste des Producteurs de grains du Québec. Ce dernier s’interroge cependant sur le délai de mise en application de cette entente et sur les volumes réels d’éthanol supplémentaires en jeu.

Plus d’éthanol

Selon diverses sources qui citent les sénateurs présents à la réunion du 8 mai, l’entente permettrait de vendre de l’éthanol à 15 % (E15) à l’année, alors que la réglementation actuelle l’interdit pendant les mois d’été en raison de la pollution de l’air. Il n’y aurait pas non plus de rabaissement du volume minimum obligatoire d’éthanol qui doit être mélangé à l’essence (RFS ou renewable fuel standard), comme le réclamaient plusieurs acteurs du secteur pétrolier.

Moins cher pour les raffineurs

Trump aurait quand même concédé quelques assouplissements réglementaires aux pétrolières qui embauchent des milliers d’employés dans leurs raffineries. Les raffineurs verraient notamment leurs pénalités diminuer lorsqu’ils ne peuvent pas mélanger d’éthanol à leur essence.

Pour la première fois, l’éthanol exporté sera comptabilisé dans les cibles du RFS. Ce dernier changement devrait faire diminuer la demande par les raffineurs américains puisqu’il y aura un nouveau moyen d’atteindre les volumes prévus de production d’éthanol sans faire augmenter la quantité mélangée à l’essence vendue aux États-Unis. Le prix de l’éthanol pourrait donc baisser sur le marché américain. « Ça joue déjà assez dur dans le marché des biocarburants à l’international », rapporte Étienne Lafrance, qui estime qu’il est possible que l’éthanol américain soit vu comme une concurrence déloyale par des pays ciblés comme marché par les producteurs des États-Unis.

Réactions partagées des sénateurs

« Le diable est dans les détails », a commenté sur Twitter Chuck Grassley, sénateur de l’Iowa et agriculteur, qui salue néanmoins le maintien du RFS et la permission de vendre l’E15 à l’année. Il attend cependant de voir le plan précis du gouvernement (USDA et EPA).

Le Texas pétrolier fait entendre un son de cloche différent. « L’entente du président va sauver des milliers d’emplois de cols bleus syndiqués qui travaillent dans les raffineries de Pennsylvanie, du Texas et partout au pays », a déclaré Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, tel que rapporté par The Hill. Ce dernier évalue le gain pour la filière éthanol à quelque 700 millions de gallons de plus vendus par année.

Un changement réglementaire promulgué par la Maison-Blanche est attendu pour détailler cette entente de principe.