Alimentation 18 avril 2018

Plus d’efforts pour manger local

Par le biais de la nouvelle Politique bioalimentaire, Québec veut améliorer l’identification des produits d’ici et favoriser leur consommation au sein de ses institutions. Quels sont les moyens qui lui permettront d’y arriver?

Selon l’Association des détaillants en alimentation (ADA) du Québec, l’ajout de 15 M$ pour promouvoir et valoriser les produits d’ici pourra servir à renforcer les mesures de promotion existantes.

« Ce qu’on souhaite, c’est de bien utiliser les outils en place avant de créer de nouveaux identifiants alors que le consommateur a déjà de la difficulté à s’y retrouver », révèle Pierre-Alexandre Blouin, directeur général adjoint de l’ADA.

Par exemple, on peut voir sur certains produits le symbole de la fleur de lys qui s’apparente à la certification Aliments du Québec, malgré le fait que ceux-ci ne la détiennent pas. L’idée est donc de « gagner la confiance du consommateur en incitant tous les acteurs de l’industrie alimentaire à se conformer », soutient M. Blouin.

À l’école

L’une des cibles privilégiées par la politique est de favoriser l’achat d’aliments sains et locaux dans les institutions publiques. Une mesure bien accueillie par la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids), malgré les défis qui s’imposent. 

« Il y a un virage, mais [cette volonté] entre parfois en compétition avec l’offre du plus bas soumissionnaire », avance Corinne Voyer, directrice
générale de l’organisme. Dans cette logique, il faudrait revoir le financement des services alimentaires des écoles, dont celles en milieu défavorisé.

« Ça nous arrive de voir des offres de dîners et de collations qui ne sont pas saines [pour des raisons budgétaires] », poursuit-elle. L’organisme invite donc les ministères concernés à collaborer avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) « afin d’élaborer des mesures d’approvisionnement particulières » pour leurs institutions. 

Soulignons que le développement des connaissances alimentaires est aussi un enjeu préoccupant, selon la Politique. « Les deux tiers des adultes au Québec affichent un faible niveau de littératie en matière de santé, c’est-à-dire qu’ils ont de la difficulté à comprendre et à utiliser l’information couramment disponible à ce sujet. »  

Les OGM sous le radar

« Cette politique ne vient clairement pas répondre aux demandes des consommateurs, qui ont été nombreux à exiger l’étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés [OGM] tout au long des trois sommets sur l’alimentation. C’est une occasion manquée d’offrir de la transparence. » 

– Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM

Propos recueillis par Martin Ménard