Actualités 17 avril 2018

Meilleure assimilation du phosphore par le porc pour diminuer les impacts environnementaux

La maîtrise de l’impact environnemental de l’élevage est une préoccupation grandissante. Dans ce contexte, l’élevage de monogastriques comme les porcs et les volailles est souvent montré du doigt.

Les rations des porcs sont à base de céréales dont 65 % du phosphore est sous forme phytique, lequel est peu assimilable par les porcs en raison d’une insuffisance de l’enzyme phytase dans leur tube digestif. Bien qu’on ajoute couramment cette enzyme dans la ration, plus de 50 % du phosphore est excrété. S’il n’est pas géré convenablement, celui-ci peut créer un problème environnemental en favorisant par exemple l’apparition d’algues bleues. La réduction des apports alimentaires de phosphore et l’optimisation de leur utilisation sont des façons efficaces de réduire les rejets et d’assurer ainsi le développement de systèmes de production durables.

Juste maîtrise de la réduction 

Néanmoins, les fonctions métaboliques vitales associées au phosphore imposent une juste maîtrise de sa réduction pour ne pas affecter les performances. L’effet de restrictions alimentaires en calcium et en phosphore (déplétion) et de phases de récupération (réplétion) sur le métabolisme a été étudié dans un premier essai chez le porcelet en 2010. Il a été démontré qu’une alimentation carencée en calcium et en phosphore induit des régulations métaboliques qui améliorent l’utilisation digestive et métabolique de ces minéraux, permettant ainsi de faire face à la déficience en phase de déplétion et amenant une utilisation accrue en phase de réplétion. 

Un second essai a été réalisé chez le porc en croissance en 2011, en collaboration entre le Centre de recherches d’Agriculture Canada à Lennoxville et l’Université Laval. Les résultats ont montré que les porcs déplétés avaient une utilisation digestive et métabolique accrue de phosphore et de calcium jusqu’à l’abattage. 

Ainsi, à la fin de l’expérience, malgré une réduction des apports de phosphate de plus de 40 %, la minéralisation osseuse était similaire à celle des témoins alimentés au besoin, les performances de croissance n’étaient pas modifiées et l’excrétion de phosphore était réduite de 20 %. Ces travaux ont d’ailleurs remporté le prix Innovation de l’American Society of Animal Science, section Midwest, en 2011. Ils ont été poursuivis afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents dans la thèse de doctorat d’Enrique Gonzalo. Les résultats précédents ont été confirmés. 

De plus, l’expression des gènes et des protéines des transporteurs intestinaux et rénaux de calcium, de phosphore et de vitamine D était accrue par une déplétion. 

De futurs travaux permettront de déterminer des ingrédients de rechange et les voies favorisant leur utilisation de façon efficace afin d’optimiser les performances de croissance des animaux et d’abaisser le coût d’alimentation, qui représente plus de 60 % du coût total de production. 

Chaire de recherche

En trouvant des solutions qui répondent aux défis de durabilité, de productivité et de compétitivité des productions monogastriques, la Chaire de recherche sur les stratégies alternatives d’alimentation des porcs et des volailles : approche systémique pour un développement durable,  pilotée par Marie-Pierre Létourneau-Montminy, contribuera à assurer la pérennité des productions porcine et avicole en donnant à leurs filières respectives des outils pour bien réagir aux changements constants auxquels elles doivent faire face. 

Marie-Pierre Létourneau Montminy, Ph. D., professeure au Département des sciences animales