Alimentation 20 mars 2018

Une fédération de producteurs d’insectes voit le jour

Désormais, la dégustation d’insectes ne sera plus l’apanage des activités Croque-insectes à l’Insectarium de Montréal.

L’offre s’élargit et s’organise, si bien qu’un nouveau regroupement a vu le jour il y a quelques semaines, soit la Fédération des producteurs d’insectes comestibles du Québec (FPICQ).

François Douville, Miguel Pérusse, Justine Richard et Jérôme Fortin Légaré sont à l’origine de ce regroupement. La FPICQ vise à être l’agent facilitateur entre les producteurs et les transformateurs d’insectes, et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

La poudre de ténébrions (vers à farine) risque de se trouver sous peu dans une épicerie près de chez vous. Crédit photo: Jérôme Fortin Légaré
La poudre de ténébrions (vers à farine) risque de se trouver sous peu dans une épicerie près de chez vous. Crédit photo: Jérôme Fortin Légaré

« Le MAPAQ fait un travail incroyable pour structurer l’industrie, puisqu’une équipe a été formée pour l’entomophagie. On souhaite que la Fédération serve de ligne directrice aux producteurs d’insectes et d’aide technique à la mise en marché. Il y a une vingtaine d’éleveurs existants pouvant devenir membres », mentionne l’un des fondateurs, Jérôme Fortin Légaré.

Humains et animaux à parts égales

Jérôme Fortin Légaré, cofondateur de la Fédération des producteurs d’insectes comestibles du Québec. Crédit photo : Gracieuseté de Jérôme Fortin Légaré
Jérôme Fortin Légaré, cofondateur de la Fédération des producteurs d’insectes comestibles du Québec.
Crédit photo : Gracieuseté de Jérôme Fortin Légaré

M. Fortin Légaré, producteur de ténébrions (vers à farine) dans la région de Lotbinière, évalue que la moitié de sa production est destinée aux humains et l’autre moitié aux animaux. « Les normes pour la production animale sont toutefois plus strictes que celles pour la production humaine. C’est un cycle; on mange les animaux », dit-il en entrevue.

Il reste encore quelques pas à franchir avant que le coût de revient de la moulée à base d’insectes soit le même que celle à base de céréales. « Pour l’instant, c’est plus cher parce que le processus n’est pas automatisé. On a un grand défi à relever pour réduire les coûts de production. C’est là qu’entre en jeu l’entotechnologie, soit la technologie mise au profit de l’entomologie », explique le cofondateur.

En retard sur le reste du monde

Une équipe de chercheurs composée de biologistes et d’agronomes de l’Université Laval, de La Pocatière et du Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) veille notamment à améliorer le processus d’automatisation afin d’assurer une production efficace.

M. Fortin Légaré souligne que l’industrie de l’entomophagie au Canada et aux États-Unis accuse un retard sur l’Europe. « Les projets de recherche au Pays-Bas et au Danemark sont beaucoup plus avancés. On aimerait pouvoir s’en servir comme modèles et reproduire la même technologie ici », conclut-il. 

Véronique Demers, collaboration spéciale