Actualités 19 mars 2018

Optimiser les interventions contre les mauvaises herbes en grandes cultures

C’est bien connu : les mauvaises herbes et les cultures se disputent l’eau, la lumière et les éléments nutritifs. Pourtant, l’impact des mauvaises herbes sur le rendement est difficile à prévoir puisque la relation entre les cultures et les adventices est complexe.   

Un suivi agronomique vous aidera à déterminer le meilleur moment pour appliquer le traitement herbicide, s’il y a lieu, afin d’assurer sa rentabilité et son efficacité. À cet égard, le dépistage est une action incontournable qui permet de recueillir plusieurs informations sur la culture et sur ses mauvaises herbes.

Observations utiles lors du dépistage

Pour choisir le moment de l’application de l’herbicide, on doit tenir compte prioritairement du stade de développement des mauvaises herbes et de la culture afin d’obtenir un contrôle optimal et de ne pas créer de phytotoxicité. Toutefois, si l’on opte pour des herbicides non sélectifs ou un contrôle mécanique, il importe de connaître, dès le début de la saison, la période critique pendant laquelle le rendement de la culture pourrait être affecté par la présence de mauvaises herbes. 

Par exemple, pour la culture du maïs, cette période se situe autour du moment où le plant présente, en moyenne, de 3 à 10 feuilles (V1-V6). Pour le soya, c’est plutôt lorsque le plant a de 1 à 3 feuilles trifoliées (V2-V3). La durée de la période pendant laquelle les mauvaises herbes peuvent concurrencer la culture avant de causer des baisses de rendement varie cependant d’une année à l’autre et est influencée par plusieurs facteurs d’ordre biologique. Une étude ontarienne a ainsi démontré qu’en fonction des sites, la période pendant laquelle les mauvaises herbes pouvaient cohabiter avec la culture avant de causer des pertes de rendement de 5 % variait de 12 à 52 jours (soit lorsque le maïs présente de 3 à 12 feuilles). Cette grande variation démontre que la décision d’intervenir contre les mauvaises herbes repose en partie sur la connaissance des champs cultivés et des paramètres qui peuvent affecter le rendement.

Les deux principaux éléments qui ont un effet sur le rendement sont la pression des mauvaises herbes et le moment de leur émergence en fonction de la culture. Si les mauvaises herbes recouvrent le sol et que leur levée est rapprochée de celle de la culture, les risques de dommages deviennent importants. L’humidité du sol en début de saison et les espèces de mauvaises herbes présentes sont également des éléments non négligeables. Par exemple, le seuil de tolérance des cultures envers les chénopodes est moins élevé que celui à l’égard des sétaires. 

La santé des sols est un atout dans la lutte contre les mauvaises herbes puisqu’elle permet aux plants de la culture d’avoir une bonne vigueur au printemps. Plus la culture croît et couvre le sol rapidement, moins elle sera affectée par la présence des mauvaises herbes (Institut Rodale, 2001).

Quand vient le temps de faire la lutte aux mauvaises herbes, il faut rappeler un principe d’or : la nature a horreur du vide! 

Stéphanie Mathieu, agronome, conseillère en grandes cultures, MAPAQ