Forêts 15 mars 2018

Nouvelle charge contre la mise en marché collective

Un analyste de l’Institut économique de Montréal (IEDM) revient à la charge contre la mise en marché collective des produits agricoles. Cette fois, ce sont les règles de mise en marché du sirop d’érable qui sont dans sa mire, et l’affaire fait bondir la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ).

« Les règles qui s’appliquent aux acériculteurs du Québec [quotas et canal unique de mise en marché pour le vrac] sont en effet extrêmement contraignantes pour ceux-ci, en plus de stimuler la croissance de leurs concurrents dans les provinces et États voisins », avance le document de deux pages de l’IEDM publié le 8 mars.

Selon un calcul basé sur des moyennes triennales, la croissance de la production de sirop d’érable de 2003-2005 à 2015-2017 a été de 254 % au Vermont, de 201 % dans l’État de New York, de 158 % en Pennsylvanie, de 82 % en Ontario et de 60 % au Québec.

Quant à la part du Québec dans la production mondiale, celle-ci a baissé, passant de 82 % en 2003 à 72 % en 2017. L’IEDM recommande donc de mettre fin au contingentement et aux règles actuelles de mise en marché pour « libérer » les producteurs et reprendre plus de parts du marché. L’argument est similaire à celui du rapport de Florent Gagné de 2015, lequel est d’ailleurs cité en référence.

Chiffres contestés

« C’est facile de faire dire ce qu’on veut aux chiffres », lance Serge Beaulieu, président de la FPAQ, qui soutient que le nombre absolu -d’entailles a progressé deux fois plus au Québec qu’aux États-Unis depuis l’an 2000. Il souligne que plusieurs États américains partaient d’une très petite production et que leur progression paraît donc importante en pourcentage. Selon la FPAQ, le nombre d’entailles a augmenté de 13 millions au Québec depuis 2000 pour se situer à 46 millions en 2018. Pendant la même période aux États-Unis, le nombre d’entailles aurait progressé de 6,5 millions seulement.

La FPAQ conteste aussi les chiffres sur la part de production du Québec dans le monde. En 2000 et en 2003, le Québec a connu des récoltes records, tandis que les Américains ont moins produit pour des raisons climatiques. « Depuis 15 ans, la production québécoise représente grosso modo 72 % de la production mondiale », a mentionné Simon Trépanier, directeur général de la FPAQ.

« Si on suit les recommandations de l’IEDM, on va revivre ce qui est arrivé en l’an 2000 et même pire », ajoute Serge Beaulieu, qui rappelle que le prix du sirop avait alors plongé à 0,85 $ la livre et que certains producteurs n’avaient pas réussi à tout vendre. La FPAQ fait valoir que la promotion, une large part de son budget, est essentielle pour écouler le sirop en stock et profiter des nouveaux accords commerciaux. Serge Beaulieu estime qu’il ne serait pas équitable que certains acériculteurs qui ne veulent pas suivre les règles votées par la majorité des producteurs soient exemptés de payer leur part de cette -promotion et de contribuer à l’effort collectif pour maintenir un prix plus élevé