Insolite 31 mai 2017

Des terres inondées, toujours pas semées

La photo de Noémie Leduc effectuant une tournée de ses champs en kayak le 10 mai dernier avait fait la page frontispice de La Terre. Juin arrive et l’agricultrice n’a pas encore amorcé ses semis. « Nous n’étions pas trop stressés par l’inondation, mais ça commence à être moins drôle. Il nous reste 87 acres [sur les 180 que l’entreprise possède] qui ne sont toujours pas semés. Nous avons préparé le terrain, mais la pluie est arrivée, et ils en annoncent encore », a mentionné Mme Leduc, interrogée par La Terre, le 30 mai.

L’eau s’est retirée à la ferme des Leduc à Bécancour, mais c’est toujours impossible de semer : le sol est encore trop humide. Crédit Photo : Martin Ménard/TCN
L’eau s’est retirée à la ferme des Leduc à Bécancour, mais c’est toujours impossible de semer : le sol est encore trop humide. Crédit Photo : Martin Ménard/TCN

Odeur suspecte

Certaines cultures fourragères ont étonnamment survécu après avoir été submergées pendant environ deux semaines. Les propriétaires de cette ferme laitière située à Bécancour, près de Trois-Rivières, devront tout de même tout détruire. « Ça sent le poisson dans le champ de foin qui a été inondé et c’est à peu près certain que les vaches n’en mangeront pas. Nous brûlerons donc ce qui a survécu avec du glyphosate et nous ressèmerons en maïs à ensilage », a expliqué Noémie Leduc, qui a ramassé divers débris et des troncs d’arbre pendant près de deux jours avec son père et son oncle à la suite du retrait des eaux.

« On est rendus à prier »

Joanie Lachapelle-Trépanier estime que l’impact des inondations près de Berthierville commence à être considérable. À vrai dire, il reste environ 76 acres à semer et pire encore, une superficie importante des champs de la ferme est toujours recouverte d’eau. « On est rendus à prier. On espère que le niveau du fleuve baissera, qu’il arrêtera de pleuvoir et que ça séchera un jour », a affirmé la productrice.

En ce qui concerne Joanie et son père, la semaine dernière, ils ont dû se résoudre à mettre en terre des semences de maïs-grain, qui requièrent moins d’unités thermiques. Les 76 acres qui restent ont peu de chances d’être profitables. Les agriculteurs ne savent pas s’ils pourront semer du maïs ou du soya. « Nous sommes en mode solution. Nous envisageons de cultiver du sarrasin, mais nous ne sommes pas les seuls à y penser. Le marché risque d’être saturé à l’automne », a-t-elle fait valoir.