Actualités 6 janvier 2023

Des agriculteurs malmenés par la tempête  

La violente tempête qui a déferlé sur le Québec le 23 décembre a causé des désagréments à certains producteurs agricoles, dont Michel Boudreault, d’Alma, au Lac-Saint-Jean, qui a vu le toit de son silo à fourrages complètement arraché. Le 3 janvier, il subissait encore les contrecoups de cet événement.

Alors qu’il était en voiture, le 25 décembre, à Alma, Gérard Mathieu a aperçu un silo à grains qui s’était envolé pour atterrir en bordure de la route. Photo : Gracieuseté de Gérard Mathieu
Alors qu’il était en voiture, le 25 décembre, à Alma, Gérard Mathieu a aperçu un silo à grains qui s’était envolé pour atterrir en bordure de la route. Photo : Gracieuseté de Gérard Mathieu

« J’ai eu le jackpot des débris durant la tempête », a commenté le copropriétaire de la Ferme Pabyo, où 65 vaches en lactation sont logées. « Le toit est parti au vent. Une demi-heure après, le vent continuait de souffler. Il ventait, je n’avais jamais vu ça. Ce n’était pas des rafales; c’était un vent soutenu qui devait atteindre les 110 km/h. Des blocs de béton se sont mis à s’effondrer. Ça a aussi endommagé l’autre silo à côté. »

Ce sont d’autres producteurs à proximité qui lui ont prêté main-forte les semaines suivantes pour nourrir ses animaux, puisque ses installations n’étaient plus opérationnelles. Au moment d’écrire ces lignes, ses voisins, qu’il remercie pour leur générosité, lui fournissaient encore du fourrage. « Je me dépanne comme ça, mais d’habitude, ma ration est faite avec des automates. Tout est calculé au kilo. Là, je vais en chercher au pif. Ce n’est pas aussi précis, pas aussi équilibré. […] Le temps de s’ajuster dans la ration, j’ai eu une quinzaine de vaches qui ont fait des indigestions. Ma production de lait a baissé d’environ 500 litres par jour », a exprimé le producteur de lait.

Le président du syndicat local de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Lac-Saint-Jean-Est, Gérard Mathieu, a souligné que la tempête a été particulièrement violente dans son secteur et que plusieurs confrères ont manqué d’électricité pendant plusieurs jours, voire une semaine. « J’étais en voiture à Alma, le 25 décembre, et j’ai vu un silo à grains en bordure de la route. Je ne sais pas de quelle ferme il venait, mais les ancrages avaient cédé et il s’était envolé », a-t-il décrit.

À Saint-Paulin, en Mauricie, Nicolas Pressé, qui élève principalement des bovins de boucherie et des agneaux, a raconté avec tristesse comment ses deux seules vaches laitières ont succombé d’hypothermie, quelques jours après les grands vents et le froid survenus dans son coin, dans la nuit du 23 au 24 décembre. Ses vaches, a-t-il expliqué, sont élevées au pâturage et disposent d’un abri sur lit de paille. « Je n’avais jamais vu ça. Les vents, c’était atroce. On a eu 7 pieds de neige. » Lorsque le producteur a vu que ses vaches étaient tombées en hypothermie, il les a rentrées dans l’écurie, mais malgré ses tentatives de les soigner, elles ont trépassé quelques jours plus tard.

Mieux équipés que lors de la crise du verglas

Les pannes de courant qui se sont, dans certains cas, échelonnées sur une semaine au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans le temps des Fêtes, ont engendré, dans l’ensemble, plus de peur que de mal, a constaté le président de la fédération régionale de l’UPA, Mario Théberge. La plupart des fermes s’en sont sorties avec une génératrice. « C’est sûr que sur la génératrice, ça retarde les opérations. La traite est retardée et les vaches sont incommodées parce que l’horaire normal est chamboulé, mais à part quelques cas touchés plus sévèrement, il n’y a rien eu de majeur. »

Il y a 25 ans, lors de la crise du verglas, les producteurs de sa région, se souvient-il, ont envoyé des convois remplis de génératrices à leurs confrères du sud du Québec privés d’électricité. À l’époque, les fermes étaient moins bien équipées qu’aujourd’hui pour faire face à ce genre de situation. « Je n’étais pas encore impliqué à l’UPA, mais je me souviens qu’elle avait mis en place une collecte de génératrices. On envoyait des remorques pleines. Aujourd’hui, les producteurs qui font le choix de ne pas avoir de génératrice, c’est comme faire de la route en voiture sans roue de secours. Ce n’est plus un luxe, c’est une nécessité », a-t-il fait remarquer.