Économie 2 décembre 2022

Le quota des producteurs canadiens affecté par les importations

Environ 15,2 millions de kilogrammes de matière grasse en produits laitiers ont été importés en 2021-2022 au pays, soit 2,4 millions de plus que l’année laitière précédente. Ces importations, couplées à un ralentissement des ventes, ont eu des répercussions sur le quota des producteurs à l’échelle canadienne, qui a connu un recul de 0,2 %.

« En termes de quantités […], on a quand même 8 500 tonnes de fromages additionnelles et 1 500 tonnes de beurre additionnelles qui sont rentrées cette année », a détaillé l’agroéconomiste Rock Éric Hounhouigan, dans une présentation faite le 17 novembre dans le cadre des Journées de réflexion 2022 des Producteurs de lait du Québec (PLQ).

Les importations de produits laitiers au pays, précise-t-il, ont augmenté plus rapidement sur un an que les besoins totaux, soit l’ensemble de la matière grasse consommée dans le marché canadien. En 2021-2022, la croissance des besoins totaux n’a été que de 0,3 % par rapport à 2020-2021. Il s’agit d’un important ralentissement en comparaison avec les trois années laitières précédentes, où la croissance annuelle avait plutôt été de 3,3 % en moyenne.

La diminution de 0,2 % du droit de produire pour combler le marché canadien est aussi attribuable au ralentissement des ventes en 2021-2022 par rapport aux douze mois précédents, fait remarquer l’agroéconomiste. À titre d’exemple, les ventes de lait de consommation ont diminué de 2,3 %, soit un retour à la tendance décroissante qui était observée pour ce produit avant la pandémie de COVID-19. Rappelons que la demande au détail a été momentanément en ascension durant le confinement étant donné que les consommateurs s’étaient mis à cuisiner davantage.

Pour ce qui est de la demande de crème, qui avait chuté radicalement avec la fermeture des hôtels, des restaurants et des institutions, elle a retrouvé le chemin de la croissance en 2021-2022, mais pas à des niveaux équivalents à ceux observés avant la pandémie. Pour les fromages, dont les ventes avaient pourtant connu un regain après la pandémie, avec la réouverture des restaurants, on observe un recul de l’ordre de 1,9 % en 2021-2022. Un léger retour à la croissance est néanmoins constaté ces derniers mois. Finalement, les ventes de beurre ont baissé de 2,4 % sur un an. 

Une hausse de revenus plus élevée qu’anticipée

Le revenu moyen des producteurs a augmenté d’environ 8 $/hl entre septembre 2021 et septembre 2022, soit une croissance plus importante que ce qui avait été anticipé l’an dernier. La hausse sur 12 mois avait été estimée entre 5,42 $/hl et 6,62 $/hl. La directrice de la recherche économique aux PLQ, Florence Bouchard Santerre, précise que les prix mondiaux plus élevés que prévu expliquent entre autres le phénomène. Pour la prochaine année, on anticipe un revenu moyen qui pourrait encore augmenter de 1,14 $/hl, selon un scénario optimiste, mais qui pourrait aussi diminuer de 1,28 $/hl, selon un scénario pessimiste. Le recul des ventes de lait de consommation ainsi qu’une augmentation des ventes de beurre en classes spéciales pourraient par exemple influencer le revenu à la baisse. L’indexation de prix en février de l’ordre de 2,19 % et le regain espéré des ventes de fromages pourraient en contrepartie influencer le revenu à la hausse. Les prix mondiaux seront aussi à surveiller pour leur effet sur le revenu.