Ma famille agricole 25 septembre 2022

Ils cultivent la terre selon les principes autochtones

SAINT-ANDRÉ-DU-LAC-SAINT-JEAN – Les propriétaires de Notre vraie Nature, de Saint-André-du-Lac-Saint-Jean, Lydia Cloutier et Guillaume Paul-Bouchard, cultivent leur petite ferme maraîchère selon les principes autochtones de respect des humains, de la terre nourricière et du vivant. Leur modèle agricole en est un de permaculture axé sur le développement durable et le respect des écosystèmes.

Fiche technique

Nom de la ferme :
Notre vraie Nature

Spécialité :
Production maraîchère diversifiée sur petite surface

Année de fondation :
2022

Noms des propriétaires :
Guillaume Paul-Bouchard
et Lydia Cloutier

Nombre de générations :
1

Superficie en culture :
Pour l’instant, 1 500 m2, mais éventuellement, 3 000 m2

Notre vraie Nature est une jeune entreprise de première génération. Son histoire n’en est pas moins fascinante.

Ni Lydia ni Guillaume n’avait grandi dans une ferme. Les amoureux se sont rencontrés lors d’un party de Noël. Un jour, Lydia a hérité d’un lopin de terre situé à l’embouchure de la rivière Métabetchouan de son grand-père paternel. « La terre avait déjà servi à récolter du foin, mais depuis trente ans,  la nature avait repris le dessus et on y retrouvait essentiellement des arbustes, des aulnes et de petits saules », raconte Lydia. Elle y a vu une belle occasion de commencer à jardiner, ce qui lui a donné la piqûre et, avec Guillaume, ils ont eu le goût de mener le projet plus loin.

« Nous aurions voulu commencer tout de suite le projet, mais nous avons choisi d’aller d’abord chercher de la formation », ajoute Guillaume. Le couple est donc allé étudier à l’Université Laval de Québec pour acquérir des connaissances dans leur nouveau domaine. Lydia avait déjà une formation en développement durable. Elle a choisi des cours en horticulture et jardinerie et en design de permaculture. Initialement formé en aménagement de la faune, Guillaume a opté pour un cours en production horticole. Ces formations complémentaires et leurs lectures ont permis au couple de réaliser le rêve qui répondait à leurs valeurs et aux enjeux environnementaux actuels.

Place à la production

« Les quatre premières années, nous avons aménagé le terrain et observé notre environnement », raconte Guillaume. Notre vraie Nature est née en avril dernier. La ferme produit une trentaine de variétés de légumes. Guillaume est d’origine ilnue. « Une partie de nos paniers de légumes sont écoulés au sein de la communauté Mashteuiatsh, les autres sont vendus à la ferme », dit-il.

Selon Lydia, il est très enrichissant de vivre dans une microferme et de pouvoir observer la nature environnante. « Bien que nous voulions que la ferme soit rentable, notre objectif n’est pas la croissance à tout prix, mais la recherche de la stabilité, du bien-être et de l’équilibre », ajoute-t-elle.

Pour accroître la rentabilité et la diversité, le couple prévoit ajouter la production de petits fruits ainsi qu’une fermette dans environ deux ans. La construction d’un bâtiment agricole pour la gestion des paniers de légumes va commencer à l’automne.
À moyen terme, Lydia et Guillaume ­prévoient doubler leur superficie de culture, qui est présentement de 1 500 mètres carrés. Ils insistent sur l’importance de conserver vivantes des valeurs et la philosophie autochtones que sont le respect de l’humain, le respect de la nature et le partage équitable.

Le travail est très peu mécanisé. Le couple utilise davantage d’outils manuels. « On travaille le sol le moins possible », souligne Guillaume.

Un kiosque fermier se déroule chaque jeudi dans la communauté de Mashteuiatsh. Photo : Gracieuseté de Lydia Cloutier
Un kiosque fermier se déroule chaque jeudi dans la communauté de Mashteuiatsh. Photo : Gracieuseté de Lydia Cloutier

Autres volets

Les nouveaux agriculteurs ont aussi développé deux autres volets. Ils ont mis en place un service de conception de plans d’aménagement écologique et de formation sur le terrain. Ces deux volets sont une façon pour eux de partager leurs connaissances et de montrer aux gens leur manière de faire les choses.

Le travail de chacun est complémentaire, mais Guillaume est davantage responsable du volet maraîcher sur le terrain alors que Lydia gère davantage le volet conception de plans d’aménagement.

Le projet est financé par le Fonds d’initiatives autochtones du Secrétariat aux affaires autochtones et par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dans le cadre du programme Territoires : relève, entrepreneuriat et entreprises de petite taille.

Le bon coup de l’entreprise

La microferme n’étant pas mécanisée, Guillaume affirme avoir pu travailler au champ sans retard après les quantités de pluie records du printemps. Photo : Gracieuseté de Lydia Cloutier
La microferme n’étant pas mécanisée, Guillaume affirme avoir pu travailler au champ sans retard après les quantités de pluie records du printemps. Photo : Gracieuseté de Lydia Cloutier

Depuis quelques années déjà, l’agriculture subit les effets des changements climatiques. « Nous démarrons notre entreprise dans ce contexte particulier. Notre modèle de production sur petite surface se fait sans machinerie, ce qui nous a grandement aidés au début de la saison, mentionne Guillaume Paul-Bouchard.

Ici, au Lac-Saint-Jean, nous avons eu des quantités de pluie records ce printemps. Malgré cela, nous n’avons pas été retardés puisque nous n’avons pas eu besoin d’attendre pour entrer sur le terrain avec la machinerie comme notre microferme n’est pas mécanisée. Nous avons donc pu démarrer nos activités agricoles au moment désiré, et ce, sans dommage pour notre sol.

Malgré le fait que nous ne sommes pas à l’abri des intempéries, notre bon coup, c’est ce modèle de culture que nous avons choisi, qui est adapté à notre environnement et non le contraire. » 

 

3 conseils pour démarrer un projet maraîcher avec la permaculture

  • Observer son milieu

Le couple suggère de prendre le temps d’observer son milieu naturel avant d’interagir. C’est d’ailleurs le premier principe de la permaculture. C’est important de bien observer et d’analyser son milieu puisque chaque contexte est différent. Si on veut que les cultures prospèrent et qu’il se crée un équilibre naturel le plus rapidement possible, il faut à tout prix travailler avec la nature et non contre elle. Idéalement, tout bon permaculteur devrait observer son terrain au moins durant les quatre saisons, soit un an avant l’implantation sur le terrain.

  • Ne pas minimiser l’importance d’un sol vivant

Le sol est un écosystème à part entière et est en constante évolution. Un sol vivant, c’est un sol fertile qui permet une agriculture durable. Diverses techniques agroécologiques permettent de favoriser sa bonne santé, entre autres le travail réduit du sol, le couvert végétal, l’apport d’amendements organiques tel le compost. Le but est de faire en sorte que notre sol soit accueillant pour ses habitants, qu’il offre nourriture et logis.

  • Objectif clair

Il est important, selon les producteurs, d’avoir un objectif clair et d’aller chercher les connaissances nécessaires pour réaliser le projet. L’objectif du projet est-il de créer un projet d’autosuffisance vivrière familiale? Devenir maraîcher en permaculture? Créer une microferme pédagogique? Créer un havre pour la biodiversité? Qu’est-ce que cet objectif implique en matière de préparation et d’apprentissage? Il ne faut pas minimiser l’importance de la préparation.

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