Alimentation 8 septembre 2022

Les vols de pommes dans les vergers ne datent pas d’hier

Les propriétaires du Domaine Dunham, en Estrie, ont fait les manchettes, il y a quelque temps, après s’être fait voler une quantité importante de pêches. En ce début de saison d’autocueillette de pommes, l’un d’eux, Claude Girard, a profité du triste événement dont il a été victime pour mettre en lumière un phénomène plus large, qui ne date pas d’hier dans les vergers.

« On est conscients que les gens mangent des pommes, mais là où le bât blesse un peu, c’est quand ils en mettent dans les carrosses de bébés ou dans des sacs qui ne sont pas ceux du domaine », ajoute-t-il. L’agriculteur raconte avoir déjà attrapé des gens qui remplissaient leur véhicule de poires. « Là, ce n’est pas la même chose, c’est plus organisé. Mais tout ça mis ensemble, ça finit par paraître. » Plutôt que de « serrer la vis », le producteur dit préférer « faire de l’éducation » et expliquer aux gens que les pommes coûtent cher à produire, que ça représente beaucoup de travail.

À Saint-Eustache, dans les Laurentides, Patricia Daoust a elle aussi, par le passé, pris en flagrant délit des individus qui s’étaient faufilés avec leur voiture pour la remplir de pommes, après la fermeture du verger. Elle a parfois fait des signalements à la police et a ajouté des clôtures avec le temps. 

Un nouveau prix d’entrée

Denis Charbonneau, pomiculteur à Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie, ajoute cette année un prix d’entrée pour « les personnes supplémentaires », soit celles qui accompagnent l’acheteur d’un sac de pommes. « Le problème, c’est quand ils arrivent en groupe, mangent des pommes toute la journée, et en mettent dans leur glacière. Il y en a aussi qui rentrent dans le verger et qui achètent deux sacs, mais qui vont charrier des pommes toute la journée [jusqu’à leur voiture] et qui reviennent. Au bout du compte, ils se sont pris cinq sacs », illustre-t-il. L’agriculteur change la couleur de ses sacs de pommes deux fois par année, depuis qu’il a réalisé que des individus arrivaient avec des sacs à l’effigie de son verger, mais achetés plusieurs années auparavant. « On a changé notre façon de travailler; c’est plus structuré », soutient le pomiculteur.

Il insiste toutefois sur le fait que ceux qui se comportent de la sorte représentent une infime portion de la clientèle. « C’est un petit 5 % qui prend de notre énergie. Mais 95 % des gens qui viennent, c’est pour nous encourager », nuance-t-il