Actualités 28 août 2022

De colonisateurs à agriculteurs prospères

SAINT-EUGÈNE-DE-GUIGUES – Adolphe Robert a été l’un des premiers colons à prendre possession d’un lot en 1894 dans ce qui deviendra le village de Saint-Eugène-de-Guigues, au Témiscamingue. La petite ferme laitière, qui a d’abord permis d’assurer la subsistance de la famille Robert, produit aujourd’hui plus de 2,6 millions de litres de lait par année et commercialise des grains de spécialité partout au Québec.

Fiche technique

Nom de la ferme :
Ferme Mondou et Robert

Spécialité :
Production laitière
et grandes cultures

Année de fondation :
1993

Noms des propriétaires :
Michel Robert et
Lorraine Mondou

Nombre de générations :
4

Superficie en culture :
800 hectares (orge, blé,
avoine, canola, soya,
caméline, ensilage
de maïs et foin)
 

Cheptel :
220 vaches en lactation
dans un élevage de
400 têtes au total

Ce sont quatre familles qui assurent aujourd’hui la poursuite des activités de la Ferme Mondou et Robert, au Témiscamingue. Plus qu’une entreprise familiale où se côtoient trois générations de Robert, la ferme laitière est surtout un vecteur de dépassement de soi et de développement régional.   

En 1989, le couple nouvellement marié que forment Michel Robert et Lorraine Mondou est revenu s’établir au Témiscamingue avec l’idée d’acquérir la ferme familiale. « À ce moment-là, on avait 25 vaches en lactation et 300 acres [121 hectares] de terre. Au fil des années, on a tout le temps continué à expansionner l’entreprise parce qu’on est des agriculteurs, mais on est aussi des entrepreneurs », explique Michel Robert, précisant qu’ils étaient plusieurs à l’époque à douter que l’entreprise puisse parvenir à nourrir deux familles.

Les Mondou-Robert ont donc acquis l’exploitation agricole avec une seule idée en tête : faire croître l’entreprise pour bâtir un patrimoine familial qui permettra aux générations suivantes de rêver grand. Résultat : la ferme compte aujourd’hui 220 vaches en lactation et plus de 800 hectares de terre en culture.

« On a été longtemps trois générations actives sur l’entreprise ‒ dont mon père et mon oncle de 82 et 81 ans, illustre M. Robert. On aspire un peu à la même chose: avoir la chance de travailler avec nos enfants, gendres, brus, petits-enfants. Je pense que c’est un privilège. »

Le couple aspire à transmettre les valeurs du travail et du respect. « Les décisions se prennent en groupe. C’est quoi, les projets futurs? Ce n’est pas nous autres, qui décidons tout parce que c’est eux autres le futur », affirme Lorraine Mondou qui a suivi son homme et est elle aussi tombée amoureuse du Témiscamingue.

Le couple de propriétaires aspire à transmettre les valeurs du travail et du respect. Photo : Émilie Parent-Bouchard
Le couple de propriétaires aspire à transmettre les valeurs du travail et du respect. Photo : Émilie Parent-Bouchard

Un centre de grains

Le développement de l’entreprise s’effectue donc en fonction des intérêts de la relève. L’exemple le plus récent? L’acquisition en 2016 d’un centre de grains qui s’est avéré un levier de développement important, en plus de faire une place au gendre du couple, Danik Sarrazin, à la fin de ses études en agronomie. « Il aurait pu aller travailler ailleurs, mais on lui a offert de continuer à développer cette entreprise-là. On ne serait pas allés plus loin si personne n’avait eu d’intérêt parce qu’on était déjà pas mal occupés avec la ferme laitière », indique Mme Mondou, précisant que Services Agritem aide près d’une centaine de producteurs à commercialiser leurs récoltes.

« L’orge s’en va à Montréal dans la malterie Canada Malt pour faire de la bière et quand vous mangez des pains de la Boulangerie St-Méthode, il y a sûrement du blé qui vient du Témiscamingue », explique Michel Robert. Il ajoute que l’entreprise est aussi la première à avoir introduit dans la région la culture de la caméline, un oléagineux dont on extrait une « huile goûteuse qui contient beaucoup d’oméga ».

L’acquisition en 2016 d’un centre de grains s’est avéré un levier de développement important pour la ferme. Photo : Émilie Parent-Bouchard
L’acquisition en 2016 d’un centre de grains s’est avéré un levier de développement important pour la ferme. Photo : Émilie Parent-Bouchard

Le développement de la région

Au-delà de la relève et du patrimoine familial, les Mondou-Robert ont aussi à cœur le développement de la région. « On commence à voir d’autres [producteurs de grains de spécialité au Témiscamingue], mais dans les faits, on est vraiment en avant de la parade. La richesse d’une région se crée par les gens qui y habitent », plaide Michel Robert, avant de laisser le mot de la fin à sa femme. « Ce qui est bon pour notre ferme, on peut l’ouvrir à d’autres. On développe la région, dit-elle. Quand tu as un beau rang, que tu vois de beaux champs, que c’est beau, on est fiers de ça. La visite qui vient de l’extérieur trouve ça beau aussi! » 

Équipement techno

Après 11 ans de traite manuelle, le couple Mondou-Robert s’est doté d’une plateforme informatique pour la salle de traite. « On avait deux sites [où on trayait] : l’étable et la ferme familiale à 3 km », se souvient Lorraine Mondou. Les propriétaires en ont profité pour rapatrier toutes les vaches en lactation sous un même toit. L’équipement permet aussi de détecter rapidement de potentiels problèmes de santé et d’y remédier avant qu’ils ne s’aggravent. « C’est ce qui nous permet de suivre au jour le jour la production par vache, de voir s’il y a des vaches qui sont malades, de voir s’il y a des vaches d’exception, poursuit Michel Robert. On veut le moins d’exceptions possible. Parce que l’exception, c’est la vache qui a un problème. »   

Le bon coup de l’entreprise

Le couple est catégorique. Le bon coup de l’entreprise est d’avoir toujours su croître, lentement, mais sûrement, et en continu. « Un escalier, tu montes ça une marche à la fois. Si tu sautes des marches, ça se peut que tu déboules. Mais si tu montes sécuritairement, une marche à la fois, tu continues toujours de monter l’escalier et il peut être énorme », illustre Lorraine Mondou.

Cette règle des « petits pas » a permis à l’entreprise de passer d’un troupeau de 25 vaches au milieu des années 1990 à plus de 200 en lactation aujourd’hui, analyse Michel Robert, mentionnant au passage qu’il faut aussi savoir saisir les occasions d’affaires. « On a rêvé à ça, on s’est rendus à 100 vaches et aujourd’hui à 200. C’est quoi la limite? Il n’y en a plus à partir du moment où tu apprends à faire un développement continu, intelligent, réfléchi. Je n’aurais jamais pensé avoir un centre de grains. Je n’aurais jamais pensé non plus qu’on cultiverait 2 000 acres », conclut-il.  

Émilie Parent-Bouchard, collaboration spéciale

***

Avez-vous une famille à suggérer?

[email protected] / 1 877 679-7809