Environnement 26 août 2022

Opinion – Veut-on vraiment bannir les fertilisants?

Le gouvernement du Canada, dans sa lutte pour réduire les gaz à effet de serre (GES), a décidé de s’attaquer au quatrième plus important créateur de GES, soit le protoxyde d’azote, aussi appelé oxyde nitreux ou N2O. On le surnomme également le gaz hilarant. C’est un gaz qui a plusieurs utilités médicales, comme l’anesthésie, par exemple. Mais concentrons-nous sur le volet agricole.

Le projet du gouvernement fédéral est de réduire de 30 % les émissions de protoxyde d’azote provenant uniquement, pour l’instant, des engrais minéraux comme l’urée et le nitrate d’ammonium. Le N2O est produit à la suite d’une transformation de l’azote du sol en condition anaérobique.

Depuis plusieurs années, les producteurs agricoles du Québec et d’ailleurs au Canada travaillent en collaboration très étroite avec leurs agronomes ou technologues professionnels pour l’amélioration de la santé et réduire la densité de leurs sols. Contrairement au plan qui sera mis en place aux Pays-Bas sur les réductions de différents gaz azotés, ici il n’est aucunement question de réduire le cheptel bovin. Là-dessus, on peut certainement remercier la gestion de l’offre d’exister!

L’objectif ultime des acteurs du domaine agricole est de rendre les applications d’engrais organiques et minéraux le plus efficaces possible. Avec la valeur des engrais azotés et les coûts d’application, on veut éviter la moindre perte d’azote, qui occasionne la baisse de productivité et l’augmentation des coûts de production.

Depuis plusieurs années, les producteurs agricoles améliorent leurs rotations de cultures, sèment plus de couverts végétaux, communément appelés « engrais vert », et limitent les accumulations d’eau par le drainage et le nivellement des terres. Les plantes de couverture, quant à elles, recyclent les éléments du sol les rendant disponibles pour l’année suivante, tel que l’azote de l’air qui est fixé par des bactéries colonisant les racines des légumineuses, sans compter que ça contribue grandement à avoir des sols en santé par l’activité mycorhizienne (l’association entre les champignons et les racines des plantes) tout en maintenant un environnement de vie aérobique permettant de réduire de efficacement les émissions de N2O.

Plusieurs technologies sont aussi des alliées de taille dans nos exploitations. Comme les guidages par GPS, qui évitent les chevauchements lors des applications de fertilisants. Nous sommes tous en train de mettre en application la « gérance des nutriments 4B », soit le Bon produit à la Bonne dose, au Bon moment et au Bon endroit. Ces investissements permettent aux producteurs agricoles de maximiser les rendements des cultures, tout en minimisant les impacts sur l’environnement.

La qualité de l’environnement est une préoccupation réelle pour nous tous. Nous sommes souvent les premiers montrés du doigt au sujet de la pollution, mais trop peu semblent reconnaître les efforts et l’argent que nous investissons pour améliorer l’environnement qui nous entoure tout en s’assurant de fournir de la nourriture de qualité à nos concitoyens et concitoyennes!

Le gouvernement fédéral peut vouloir sembler très vertueux dans ses approches environnementales concernant les engrais minéraux azotés, mais nous étions déjà, sans le savoir toutefois, très en avance sur son projet.

Christian Dionne, producteur agricole, La Visitation-de-Yamaska
Alexandre Couture, agronome, Bécancour
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