Actualités 25 juillet 2022

Vers un diagnostic plus rapide de la « gastro » des abeilles

En plus de produire un ingrédient savoureux, les abeilles à miel, ou Apis mellifera, sont d’essentiels pollinisateurs, soutenant environ le tiers de la production agricole. La sécurité et la diversité alimentaires sont donc largement dépendantes de la santé des abeilles.

Malheureusement, un taux de mortalité hivernale élevé est rapporté chaque année, ce qui souligne la nécessité de mieux surveiller et protéger les ruches.

Ces nombreux décès seraient liés aux changements climatiques, aux pesticides, ainsi qu’à une variété de maladies, dont des parasites. Parmi ces derniers, deux espèces similaires de microsporidies, soit Nosema apis et Nosema ceranae, sont responsables de la nosémose, ou la « gastro » des abeilles.

Le parasite se répand par la production de spores, des unités microscopiques très résistantes libérant leur contenu infectieux dans les cellules intestinales des abeilles. Néanmoins, plusieurs abeilles sont infectées par ces parasites sans être malades. Ce n’est que dans des colonies affaiblies par diverses circonstances, telles qu’un hiver long, ou par des pesticides, que les conséquences sont majeures. Les symptômes de la nosémose étant variés et peu caractéristiques, le diagnostic est complexe. Plusieurs abeilles mortes autour de la ruche, des abdomens gonflés, un vol difficile, de la diarrhée, et une activité réduite de la colonie sont tous des indicateurs pouvant être liés à la nosémose, mais aussi à bien d’autres maladies.

Les abeilles sont infectées à la suite de l’ingestion de spores. Ces dernières sont susceptibles de se retrouver notamment dans la nourriture, l’eau, les parois de la ruche et les excréments. D’ailleurs, certains comportements sociaux tels que la trophallaxie (transfert de nourriture d’une abeille à une autre) facilitent la transmission de la maladie.

Un antibiotique controversé

La fumagilline est un antibiotique utilisé en Amérique du Nord pour le traitement de la nosémose. Cependant, son usage est controversé, puisque cette substance est interdite dans de nombreux pays d’Europe et pourrait être toxique pour les mammifères. De plus, son efficacité est restreinte par le développement de résistance et par son mode d’action qui n’inclut pas la destruction des spores, mais seulement un arrêt de leur multiplication. Ainsi, une fois que les colonies sont infectées et malades, leur mort est souvent inévitable.   

Pour diagnostiquer la nosémose, les intestins d’abeilles sont prélevés, puis observés par microscopie afin de compter manuellement les spores. Cette méthode laborieuse représente un obstacle à l’administration responsable des traitements et à l’étude de la nosémose, d’où l’intérêt de développer une nouvelle méthode de diagnostic rapide. C’est exactement ce qu’espèrent réaliser les Drs Marie-Odile Benoit-Biancamano, pathologiste vétérinaire, et Christopher Fernandez-Prada, parasitologiste vétérinaire, deux chercheurs de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Si l’on se base sur les résultats de recherches précédentes, les spores pourraient être mises en évidence par fluorescence avec le colorant calcofluor blanc. L’objectif est d’utiliser un appareil détectant la fluorescence pour effectuer un comptage automatique des spores. Par ailleurs, les chercheurs travailleront aussi sur la caractérisation histologique et cytologique de la maladie, afin de mieux la comprendre et ainsi contribuer au développement de futures méthodes de prévention et traitement. 

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Elsa Racine,
Étudiante au doctorat en médecine vétérinaire

Sarah Tremblay, D.M.V.

Dr Christopher Fernandez-Prada, M.V., Ph. D.

Dre Marie-Odile Benoît-Biancamano, M.V., M. Sc., Ph. D., DACVP, DECVP, FIATP