Bio 11 juillet 2022

L’industrie québécoise du porc bio se porte bien

Les producteurs de porcs biologiques ne vivent pas la dynamique négative qui plombe plusieurs éleveurs sous régie conventionnelle.

« Dans le conventionnel, ça semble plus difficile. Nous, on est chanceux dans le bio. On n’est pas affectés. On n’a pas eu de porcs en attente et la demande ne semble pas vouloir baisser », dit Guillaume Lessard, qui possède une production de 3 000 porcs biologiques à Saint-Honoré, dans Chaudière-Appalaches. Il faut dire que son frère Étienne et lui avaient justement opté pour le bio en raison de ses perspectives de marché. « C’est principalement par opportunisme d’affaires qu’on a choisi le porc bio. On se disait que le marché serait moins à risque, car la plupart des pays qui produisent des gros volumes de porcs sont dans le conventionnel. Aussi, on pense que duBreton [leur intégrateur] a une longueur d’avance dans l’innovation des bâtiments d’élevage et de la régie de production. Ça nous mettait en confiance », précise M. Lessard.

Chez les Viandes biologiques de Charlevoix, l’éleveur indépendant Damien Girard dit que son marché de vente au détail se porte bien, tout comme sa production de porcs sous régie biologique. L’inflation ne semble pas influencer négativement ses clients, constate-t-il, craignant toutefois des moments plus difficiles à venir, lui qui n’aura pas le choix de refiler une portion des hausses du prix de ses intrants, ce qui pourrait lui faire perdre certains consommateurs.

Un coup de pouce de la Californie

Chez duBreton, Mario Goulet, vice-président du marketing et du développement de marchés, indique que la croissance des ventes dans l’industrie du porc bio évolue entre 8 et 10 % par année depuis 2012, et que les pronostics sont tout aussi positifs pour les prochaines années. « Nos produits sont dans les Costco du Japon. On travaille avec des transformateurs en Europe et de nouveaux détaillants américains seront annoncés bientôt. […] On est persuadés qu’il va y avoir encore de la croissance; on croit que les gens vont peut-être vouloir manger moins de viande, mais la meilleure viande possible, sans antibiotiques, avec du grain cultivé sans pesticides. Ce sont des besoins de fonds des consommateurs », assure M. Goulet. La fameuse proposition numéro 12 de la Californie, qui oblige depuis janvier dernier les agriculteurs à fournir plus d’espace aux porcs dont la viande sera vendue en Californie, pourrait offrir des débouchés d’affaires supplémentaires à duBreton. « Nos produits répondent en tous points à la proposition numéro 12 et cela suscite de l’intérêt et des opportunités importantes », dit-il. 

Si la situation est enviable dans son ensemble, M. Goulet se garde de dire que tout est parfait dans l’industrie du porc bio et du porc certifié bien-être animal. « Dans le bio, les coûts de production du porc doublent approximativement et la valorisation de toute la carcasse demeure toujours un défi [c’est-à-dire que les acheteurs peuvent payer davantage pour une longe de porc bio, mais pas nécessairement pour des abats bio] », explique-t-il.

De plus, les problèmes de main-d’œuvre affectent ­également duBreton. « On n’est pas à l’abri d’un ­ralentissement en usine, comme ailleurs », affirme Mario Goulet, qui mentionne, par ailleurs, que certains producteurs bio ont pu avoir eux aussi des porcs en attente d’être abattus.