Environnement 1 juin 2022

Une carrière de recherche « les deux pieds dans la terre »

Aubert Michaud, spécialiste en conservation de l’eau et des sols, a passé une grande partie de sa carrière au milieu des champs avec les producteurs agricoles, en « réseau de fermes » aussi appelés living labs.

Une méthode qui consiste à impliquer tous les acteurs, citoyens et producteurs agricoles par exemple, dans un processus de recherche. « J’ai été privilégié de pouvoir travailler comme ça, avec les gens que je choisissais et où je voulais, confie celui qui a toujours remarqué une très belle collaboration des producteurs agricoles. Quand on les accompagne, ce sont 90 % d’entre eux qui acceptent de participer aux projets », souligne le chercheur récemment retraité de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), où il a passé les 25 dernières années de sa carrière.

Densification

Même s’il remarque que les pratiques agricoles se sont considérablement transformées à travers les années, avec par exemple la culture sans labour, la culture de couverture et de meilleures modalités de gestion du fumier, il constate néanmoins que l’agriculture s’est aussi beaucoup densifiée, ce qui entraîne d’autres défis, notamment sur le plan de la protection des cours d’eau et des bassins versants. Un enjeu qui a été au cœur de nombre de ses recherches à l’IRDA.
« Depuis 25 ans, on a réussi à ramasser plusieurs données pour décrire les ruisseaux, pour savoir comment ils fonctionnent, les sédiments qu’ils transportent, ce qu’on ne savait pas en détail avant. On a décrit les bassins versants, et puis on a développé des outils pour aider les agronomes à prendre de meilleures décisions, comme l’outil de diagnostic des exportations de phosphore GEODEP », résume-t-il.

Il reste toutefois encore beaucoup à faire alors que les défis environnementaux s’accentuent, entrevoit le chercheur qui poursuit son implication à cet égard, malgré sa retraite, auprès de la nouvelle génération en codirigeant des projets d’étudiants au doctorat.

En 2019, La Terre de chez nous avait pris ce cliché d’Aubert Michaud mesurant la turbidité et la conductivité de l’eau avec une nouvelle sonde. L’objectif était d’évaluer les pertes d’azote des sols pour mieux déterminer les doses optimales à appliquer.
En 2019, La Terre de chez nous avait pris ce cliché d’Aubert Michaud mesurant la turbidité et la conductivité de l’eau avec une nouvelle sonde. L’objectif était d’évaluer les pertes d’azote des sols pour mieux déterminer les doses optimales à appliquer.

Témoin de la création de l’IRDA

Les recherches en agroenvironnement ont longtemps été menées par des équipes sous l’égide du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dont faisait partie le chercheur Aubert Michaud au début de sa carrière en 1987. Toutefois, dès 1997, le Ministère a fait de gros changements en privatisant tous ses services de recherche, ce qui a donné lieu à la création de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) et des clubs-conseils en agronomie, raconte M. Michaud. Ce dernier estime que ce changement a eu « ses bons et ses mauvais côtés ». Parmi ces derniers, il évoque l’abandon de la gestion des cours d’eau, qui a été relayée de manière « un peu cavalière » dans les bras des MRC, et la disparition de ce qu’il nomme « les services de deuxième ligne », incarnés à l’époque par de nombreux bureaux régionaux qui avaient développé des expertises agronomiques spécifiques à chaque région.