Forêts 11 mars 2022

La saison des sucres est lancée dans le sud de la province

Une première « bonne » coulée vient d’avoir lieu dans des érablières du sud du Québec, ce qui fait sourire les acériculteurs qui attendaient ce moment avec impatience après quelques coulées de faible ampleur depuis la mi-février.

« Ça coule! Je viens de remplir mes bassins. Je pars le poêle aujourd’hui. La saison commence pour vrai! », dit Patrick Dussault, de Roxton Falls en Montérégie. « C’est timide comme début, et c’est tardif, car l’an passé on voyait la fin des sucres à la mi-mars. Sauf que les prévisions météo sont bonnes : froid la nuit et chaud le jour. Les arbres vont aimer ça. Je m’attends à une bonne saison », exprime celui qui possède 3 000 entailles.  

À Dunham, en Montérégie, Alexis Cormier et son père ont produit 5 600 litres de sirop jusqu’à maintenant. Cela représente environ 15 % de leur production, qui repose sur 20 000 entailles. « Il y a un petit maudit vent aujourd’hui, mais ça coule. On pensait qu’elle deviendrait plus sucrée; elle semble staller à 1,6 degré Brix », commente Alexis.

Il précise que quatre petites coulées en février lui ont permis de produire un sirop particulier. « On a bouilli le 23 février de l’eau qu’on avait accumulée et le sirop était écoeurant. On a pris le temps de faire vieillir l’eau et de la travailler sur le poêle. Bon de même pour un début de saison, c’est rare », dit-il fièrement.

Zoé Bisaillon
Zoé Bisaillon

À Acton Vale, Zoé Bisaillon et son conjoint ont eu une belle surprise le 10 mars. « C’est la première bonne coulée de l’année. C’est le fun de partir la machine pour plus qu’un baril et demi. Ça fait du bien de voir ça. Un beau sirop doré », s’enthousiasme l’acéricultrice qui exploite 8 500 entailles. Les collectes d’eau précédentes s’étaient révélées plus minces et moins sucrées. « Ça fait quatre fois que je bouille et le taux de sucre, à 1,3 degré Brix, n’était pas très élevé. Aujourd’hui, l’eau est plus sucrée à 1,7 degré Brix. Le début de saison est slow », constate la copropriétaire du Domaine du Cap. Elle remarque que les clients sont, à l’inverse, agités. « Les gens appellent. Il y a beaucoup d’engouement. Les clients ont hâte d’avoir du sirop », note-t-elle.


David Bolduc, Chaudière-Appalaches
Fin de l’entaillage: 19 février
Première évaporation : 23 février
Objectif de rendement : 7,5 lb/entaille
Nombre d’entailles : 3 225

David Bolduc s’attendait à une bonne coulée le 6 mars avec la météo qui devait atteindre les 7 °C. « Mais finalement, c’est resté à 1 °C et c’était venteux. Il est rentré 400 gallons [1 500 litres]. J’avais de l’eau pour faire à peine un baril de sirop. Je l’ai simplement amenée au point d’ébullition, sans la transformer en sirop. Je la conserve au froid. Quand ça commencera pour de vrai, je terminerai », expose-t-il. Les prévisions météo lui indiquent que sa saison commencera vers le 17 mars, comme la moyenne des dernières années dans son secteur de Saint-Jacques-de-Leeds. « Je n’ai aucun contrôle sur la nature. Alors ma job, c’est d’être prêt et ne pas échapper d’eau quand ça va commencer. Je ne suis pas stressé », résume celui qui exploite 3 225 entailles.


Bianka Pagé, Mauricie
Fin de l’entaillage : 25 février
Objectif de rendement :  4 lb/entaille
Nombre d’entailles : 4 000

Bianka Pagé n’a pas encore allumé l’évaporateur, mais elle ne chôme pas pour autant, puisqu’elle transforme du sirop de l’an dernier. « On s’est fait connaître l’an passé en gagnant un prix [récompensant les meilleurs sirops]. On a vraiment plus de commandes à cause de cela! Alors on canne du sirop pour combler les commandes », exprime la copropriétaire de l’Érablière Pagé-Savard et Filles à Saint-Alexis-des-Monts.

 

 


Wesley Levasseur, Bas-Saint-Laurent
Fin de l’entaillage: 11 mars
Objectif de rendement :  5 lb/entaille
Nombre d’entailles : environ 200 000

Wesley Levasseur n’a pas encore de coulées notables, ce qui est normal dans son coin de pays. Il regarde toutefois la météo impatiemment. « Je consulte trois sites météo différents quasiment d’heure en heure. Car si la neige qu’ils nous annoncent tombe en pluie cela fera toute la différence. La pluie permettrait de partir la saison plus tôt, tandis que s’il tombe 30 cm de neige, ce sera très problématique, car la neige enterrera les tuyaux. On a déjà beaucoup de neige. Depuis 2008, je n’en ai jamais vu autant », indique celui qui exploite avec sa famille près de 200 000 entailles à Saint-Athanase. De plus, il note un nombre anormalement élevé de dommages causés par les écureuils. « Les érables ont produit beaucoup de semences. Souvent, cela entraîne une multiplication des écureuils. Certains prennent des mauvaises habitudes; ils mangent les lignes, à tel point qu’elles tombent au sol. Le cheptel d’écureuil est devenu trop gros. Je savais que ça fesserait », partage-t-il.