Environnement 23 février 2022

La séquestration du carbone, un potentiel de 60 M$ pour les agriculteurs

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) a publié le 14 février une étude au sujet de la bioséquestration du carbone dans les sols agricoles démontrant que cela pourrait non seulement contribuer à améliorer la santé des sols, mais aussi générer près de 60 M$ en crédits carbone pour les agriculteurs québécois.

En entrevue avec La Terre, un coauteur de l’étude et chercheur à l’IRÉC, David Dupont, indique que « l’agroséquestration » du carbone suscite beaucoup d’intérêt, et qu’une hausse de seulement 0,01 % du taux de matière organique dans le sol de l’ensemble du territoire québécois permettrait de retirer 730 000 tonnes de gaz à effet de serre, soit 10 % des émissions du milieu agricole du Québec, dit-il. « Si on fixe un prix de 80 $ la tonne de CO2 équivalente, cela pourrait représenter une somme de 60 millions en crédits compensatoires, soit environ 2 000 $ par ferme », précise-t-il. 

M. Dupont sait que ce montant de 2 000 $ n’est pas énorme pour l’instant, surtout que les méandres bureaucratiques et les honoraires professionnels permettant d’accéder au marché des crédits de carbone en diminuent l’attrait. « Il faut justement trouver un moyen de rentabiliser les crédits de carbone en milieu agricole », souligne-t-il, précisant que le prix des crédits est appelé à augmenter assez rapidement après 2030. Plusieurs compagnies et organismes gouvernementaux ont des cibles intérimaires de carboneutralité pour 2030. Il invite les agriculteurs à se préparer pour ce marché qui devrait être très intéressant.

Une pierre trois coups

La bioséquestration se fait essentiellement par l’augmentation de la matière organique. David Dupont indique que la matière organique du sol est composée à 58 % de carbone. « Plus on augmente le taux de matière organique, plus on séquestre. Et aussi, plus on enrichit le sol, plus on améliore la santé des sols, plus on peut générer des revenus et plus on participe à diminuer la pollution. C’est une pierre trois coups », assure-t-il.

L’IRÉC et le chercheur David Dupont comptent publier une deuxième étude qui portera particulièrement sur les modèles économiques à mettre en place pour que le secteur agricole québécois puisse bénéficier de revenus supplémentaires associés à la bioséquestration.