De nombreuses entreprises agricoles vont investir des centaines de milliers de dollars cette année dans l’achat et l’installation de nouveaux séchoirs à grains. Les fournisseurs d’équipements s’attendent même à ce que la fréquence des investissements s’accélère à la faveur de l’aide financière accordée par le gouvernement fédéral pour l’installation d’équipements moins énergivores et polluants.

Depuis quelques années, les fabricants offrent une gamme d’équipements dits écoénergétiques qui offrent un meilleur rendement de séchage en émettant moins de gaz à effet de serre, les GES.

« Le parc des équipements de séchage au Québec est assez vétuste et on sent bien la tendance à la modernisation, explique Ronald Bousquet, directeur des ventes au Groupe Jolco à Saint-Hyacinthe. Le contexte est favorable à de tels investissements. Le prix des grains est bon et le programme de subventions qui peut couvrir de 30 à 50 % de l’investissement est un incitatif important. »

Le programme lancé l’an dernier par Agriculture Canada comporte un volet de financement pour la recherche et le développement et l’octroi de subventions totalisant 50 millions pour aider les producteurs à acheter des séchoirs à grains plus efficaces. Agriculture Canada évalue que l’ensemble des mesures permettrait de réduire d’une mégatonne l’émission de dioxyde de carbone au pays.

Les fournisseurs proposent de nombreux modèles dans une kyrielle de gammes, autant d’équipements adaptés aux besoins des entreprises agricoles, et bien sûr, en fonction des projections de croissance de la production.

Puisque le remplacement d’un séchoir ou l’installation d’un premier équipement représente un investissement important, il commande une analyse poussée des besoins de l’exploitation.

Les producteurs doivent pouvoir se projeter dans l’avenir, évaluer dans un horizon de cinq à dix ans la croissance de l’entreprise en tenant compte notamment de la présence de la relève, des projets de développement avec l’achat de nouvelles terres ou des changements dans les cultures et, bien sûr, en tenant compte des tendances.

La tendance écoénergétique

Même si les séchoirs conventionnels sans système de refroidissement des grains étaient encore les plus vendus l’an dernier, un bon nombre de fournisseurs constatent un intérêt accru des producteurs agricoles pour les équipements écoénergétiques qui permettent de réduire la consommation de gaz, propane ou naturel, tout en offrant un meilleur rendement.

Ronald Bousquet, du Groupe Jolco, s’attend pour sa part à ce que la demande pour l’installation de nouveaux équipements de séchage de type écoénergétique double cette année et il n’est pas le seul à le penser.

« Les producteurs ne veulent plus sécher 24 heures sur 24 pendant 25 à 30 jours », explique Yvon Perreault, président des Équipements Y. Perreault de Drummondville. « Ils visent maintenant une opération de séchage de 15 heures par jour pendant une quinzaine de jours et, pour ça, il leur faut des équipements de grande capacité et surtout plus performants », poursuit-il.

M. Perreault propose les équipements du fabricant américain Sukup, notamment les séchoirs Mixed Flow, avec recirculation de l’air chaud, et qui assurent le refroidissement des grains avant leur transfert dans le silo d’entreposage.

Quant au modèle  Stack, pouvant être superposé en deux ou trois unités, il est doté d’un système permettant de faire traverser le grain d’un versant de colonne à l’autre. Le grain est séché alternativement contre les parois intérieures et extérieures des colonnes.

Des équipements d’origine italienne ont également la cote chez d’autres fournisseurs. C’est le cas par exemple au Groupe Jolco avec la gamme d’équipements Bonfanti qui mise aussi sur la recirculation de l’air chaud pour réduire la consommation d’énergie. Là encore, les modèles les plus performants disposent d’une isolation accrue et récupèrent une bonne partie de la chaleur produite par les brûleurs pour la réintroduire dans le cycle de séchage.

« Les coûts de l’énergie étant encore plus élevés en Europe, les fabricants travaillent depuis plusieurs années à concevoir des équipements plus performants pour réduire la facture énergétique », explique Michel Dion, directeur général chez Jolco.

Certes, ces équipements sont plus onéreux que les séchoirs conventionnels, mais selon Michel Dion, l’aide gouvernementale disponible vient combler une bonne partie des coûts additionnels. Sans compter que les économies d’énergie et le gain en qualité permettent de rentabiliser l’investissement dans un horizon de dix ans.

Mais de tels équipements s’adressent principalement aux entreprises qui produisent plus de 2 000 tonnes de grains.

RAD Équipements de Saint-Hyacinthe propose également les produits du même fabriquant italien. Selon son président, Emmanuel Potvin, ces nouveaux équipements ont démontré leur efficacité, à plus forte raison lorsqu’on compare leur rendement à celui de vieux équipements. « Les gains en termes de coût peuvent varier de 20 à 50 % selon les équipements qui sont remplacés », explique-t-il.

Il cite l’exemple d’un producteur dont la consommation de gaz pour le séchage d’une tonne de grains a été divisée par deux.

Chez CASA (le Comptoir agricole Sainte-Anne) de Repentigny, les équipements conçus en Italie figurent aussi parmi les plus performants au plan de la consommation écoénergétique. Là encore, on propose les équipements du fabricant Strahl, qui a adopté le concept de la récupération et de la recirculation de la chaleur permettant de réduire la consommation énergétique.

Dans les machines de la série FR, c’est l’utilisation d’air non saturé qui permet de réaliser des économies d’énergie considérables.

Le produit descend par gravité à travers une série de canaux décalés qui provoquent un mouvement et une agitation continus du produit pour une descente régulière. La largeur de la zone de refroidissement final est réglable, et la quantité d’air peut être dosée à l’aide de registres spéciaux.

« Il ne faut surtout pas négliger la qualité de l’entreposage, précise Sébastien Fréchette, directeur général chez CASA. Les producteurs doivent porter une attention particulière à la gestion du processus d’entreposage. Le processus de séchage se poursuit dans l’entreposage, ce qui permet de réduire les coûts. »

L’automatisation au rendez-vous

Les fournisseurs d’équipements consta­tent également le désir chez un bon nombre de producteurs dont les équipements sont vétustes d’investir pour se doter d’installations automatisées et ainsi éviter d’avoir recours à une main-d’œuvre qui se raréfie.

« L’automatisation devient essentielle pour un bon nombre de producteurs, explique Ronald Bousquet, du Groupe Jolco. Les panneaux de contrôle reliés à Internet permettent au producteur de suivre les opérations à distance alors qu’auparavant, il devait rester près de ses installations pour tourner les boutons. »

Évidemment, tous les modèles proposés par les fabricants d’équipements de séchage sont dotés de systèmes automatisés.

À tous ces avantages rattachés aux équipements offerts s’ajoute la réduction du bruit et des émissions de poussière, des bénéfices non négligeables à la fois pour le producteur, sa famille… et son voisinage.