Économie 15 février 2022

Renouvellement des équipements d’entreposage : gare aux économies de bouts de chandelle

Lorsque même les travaux de maintenance ne suffisent plus à conserver l’intégrité des équipements, leur renouvellement est parfois la seule solution.

« Quand ton silo a 40 ans, ça ne vaut plus la peine d’y mettre 5 000 $ ou 10 000 $ pour l’étirer quelques saisons de plus. Tu ferais mieux d’en acheter un neuf. Ça va te coûter plus cher, mais il va durer lui aussi 40 ans », résume Ronald Bousquet, représentant chez Équipements Dussault, à Pike River en Estrie.

Depuis 2017, la Ferme Genlouis, à Yamaska, a entrepris de renouveler complètement son plan d’entreposage de grains.
Depuis 2017, la Ferme Genlouis, à Yamaska, a entrepris de renouveler complètement son plan d’entreposage de grains.

Un plan neuf d’une capacité de près de 5 000 tonnes comprenant, par exemple, un séchoir, deux élévateurs, des convoyeurs et des silos peut coûter de 750 000 $ à 1 M$ approximativement. « Nous sommes capables de démontrer la rentabilité de l’investissement, mais c’est toujours le portefeuille qui parle au bout de la ligne, souligne Ronald Bousquet. Les producteurs marchent avec des budgets serrés. Ils ont eu de bons rendements et de bons prix ces dernières années, mais le coût des engrais chimiques a aussi augmenté. »

Il donne en exemple un de ses clients à qui il a vendu un silo conique de 400 tonnes. « Son élévateur n’était pas assez haut. Il s’est contenté de le rehausser et de prendre le risque que ça fonctionne avec le même shaft, la même boîte de vitesse, même si c’était 30 pieds plus haut. Des fois, tu fais des économies, mais ce sont des économies de bouts de chandelle. »

Lorsqu’un producteur veut améliorer ses capacités d’entreposage sans tout renouveler, Ronald Bousquet va quelquefois suggérer d’y aller avec quelques pièces plus stratégiques. « Ça peut être avantageux d’opter pour un élévateur plutôt qu’une vis à grain. Ça permet de verser les grains dans tous les silos en même temps. Tu évites du temps d’homme et de la manutention de tracteur. Ça vaut aussi la peine de regarder le séchoir. Au fil des ans, tu rajoutes des terres, mais tu es limité par sa capacité. »

L’automatisation des opérations est maintenant une technologie qui a fait ses preuves lorsqu’il est question de l’entreposage des grains, mais le représentant des Équipements Dussault constate que l’option est choisie surtout par ceux qui font table rase des vieux équipements.

Cela a été le cas des producteurs de la Ferme Genlouis, à Yamaska dans la région de la Montérégie, avec qui Ronald Bousquet travaille depuis 2017 dans le renouvellement de leur plan d’entreposage. En tout, huit silos ont été installés sur une période de trois ans.

« Nous avons fait la transition vers le biologique et nous devions augmenter notre capacité de stockage en ajoutant des silos même si on gardait le même volume », explique Louis Frédéric Joyal, copropriétaire de la ferme familiale qui cultive du maïs, du soya, du blé et de l’orge sur une superficie de 800 hectares.  La transition vers le bio nécessitait, par exemple, de conserver les grains plus longtemps pour profiter de la fluctuation des prix. Chaque silo devait aussi avoir son produit ­spécifique.

La Ferme Genlouis a évidemment profité de cet investissement majeur pour prendre le train de l’automatisation. « Tout est opéré à partir d’un panneau de contrôle. Chaque route de grains est automatisée, à partir de la réception, en passant par le séchoir jusqu’au silo d’entreposage. Il y a même des capteurs de niveau dans les silos pour l’arrêt ­automatique », poursuit le jeune producteur.

Visiblement satisfaits de la modernisation des ­équipements et de la rentabilité des investissements, les producteurs songent maintenant à ajouter au plan un crible à grains en vue d’écarter les ­mauvaises herbes. « On est rendus à magasiner ça. Peut-être pour 2022 », conclut Louis Frédéric Joyal.