Actualités 18 décembre 2021

Une pellicule pour réduire le gaspillage alimentaire

Alors que le Canada est champion du gaspillage alimentaire à la maison, une compagnie basée en Californie a développé́ une technologie prometteuse pour contrer ce fléau.

Selon le dernier rapport de l’ONU, chaque Canadien jetterait 79 kg (175 lb) de nourriture par année, soit 20 kg (44 lb) de plus que l’Américain moyen. Mais la société Apeel Sciences a créé une pellicule faite à partir d’ingrédients naturels qui est vaporisée sur les fruits et légumes pour les protéger et faire une barrière à l’oxygène et l’humidité. Elle permet également de prolonger leur vie sans avoir besoin de plastique à usage unique. « C’est l’oxygène qui vient dégrader les aliments », explique Michel Labonté, directeur technique chez Good Natured Products. Cette innovation est déjà utilisée par plusieurs détaillants, dont Walmart. Par contre, seuls les concombres et les avocats sont vaporisés par cette pellicule pour le moment.

Les ravages du plastique

Depuis les années 1950, la population mondiale a produit environ 8,3 milliards de tonnes de plastique, dont près des deux tiers ont fini dans des décharges ou se décomposent dans le sol, les rivières et les océans, ce qui perturbe la faune. Le problème, c’est que les plastiques d’origine fossile ne sont pas faciles à̀ remplacer. Le plastique est un matériau bon marché à produire, léger et incroyablement durable. Ce dernier est d’une grande qualité à l’usage et peut mettre des siècles à se dégrader.

Les bioplastiques sont devenus une solution de rechange populaire, même s’ils représentent actuellement moins de 1 % du marché́. Fabriqués à partir de sources biologiques telles que la canne à sucre, les algues et même les déchets de banane et les crustacés, ils sont supposés éliminer le besoin de combustibles fossiles et se décomposer facilement après leur utilisation.

Et chez nous?

Malheureusement, il n’y a pas de technologies semblables à l’étude au Québec ou au Canada, selon M. Labonté. Mais ses collègues et lui ont peut-être trouvé une solution pour se débarrasser du plastique à usage unique. « Ce que l’on propose chez Good Natured, c’est des emballages rigides, donc à partir d’une pellicule bioplastique. Ça sert de revêtement aux fruits et légumes. Notre objectif, c’est d’offrir des produits les plus biosourcés possible. On réduit aussi au maximum le taux d’émission de carbone », précise-t-il.

Mais Sarah Kakadellis, chercheuse en pollution plastique à l’Imperial College de Londres, met en garde les gens. « Si la matière première n’est pas approvisionnée de manière durable, les bioplastiques pourraient finir par augmenter la déforestation pour défricher les terres et concurrencer la production alimentaire. De plus, ils ne se décomposent pas toujours aussi facilement qu’annoncé – prenant parfois des années – et d’autres nécessitent des installations de compostage industriel qui peuvent être rares », affirme-t-elle.

Biodégradation vs biosourcé

Biodégradation : Tous les matériaux plastiques et bioplastiques sont faits à partir de chaînes de carbone qui proviennent du pétrole.

Biosourcé : Fait à partir de plantes ou de résidus organiques, donc des carbones qui sont jeunes par rapport aux carbones que l’on retrouve dans le pétrole. C’est l’équivalent de plant-based. Les deux sont du carbone, mais le biosourcé provient de matériaux plus naturels.

Par Jean-Christophe Matte

Cet article a été produit en association avec le cours Quête de sens journalistique, animé par Jean-François Gazaille à l’Université du Québec à Montréal