Politique 1 décembre 2021

Le ministre Lamontagne remet les pendules à l’heure

Le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, a ouvert son discours au Congrès de l’Union des producteurs agricoles (UPA), le 1er décembre, en revenant sur les conséquences des récents conflits de travail dans les abattoirs qui l’ont « traumatisé ». Il a promis de militer pour qu’une telle situation de gaspillage alimentaire ne se reproduise plus.

« On se ramasse que les producteurs sont pris en otage, que les animaux sont pris en otage. […] Pour moi, c’était une disgrâce, a-t-il témoigné. […] On se faisait interpeller pour une loi spéciale […], mais ce n’aurait pas pu être mis en place », a-t-il ajouté.

Selon le ministre, il faudra réfléchir à un « environnement légal » qui permettrait les conflits de travail et les moyens de pression, sans entraîner un tel gaspillage alimentaire. « Je vais inviter mon gouvernement à se pencher là-dessus. En 2022 bientôt, du gaspillage alimentaire comme ça, pour moi ça ne devrait pas arriver, a-t-il insisté en entrevue avec La Terre, après son discours. […] De ne pas apprendre de ce qu’on a vécu, ce serait quelque chose de perdu. Ce serait un apprentissage qui serait perdu. »

Interpellé sur le projet de loi 103

Le ministre Lamontagne est resté sur scène vingt minutes de plus que prévu pour répondre à un maximum de questions des producteurs.

Jérémie Letellier, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, l’a notamment interpellé sur le projet de loi 103 qui a suscité des craintes relatives au morcellement des terres, ces dernières semaines. Il lui a demandé s’il s’engageait à retirer les articles se rapportant à la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.

« Non, a répondu le ministre en toute franchise. On a fini l’étude du projet de loi. Les articles sont adoptés. » Il n’y a aucune disposition, a-t-il précisé, visant à changer le processus d’analyse et de décision des commissaires de la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Le ministre a avoué avoir été surpris de la forte réaction des agriculteurs envers le projet de loi.

« L’objectif, c’est la protection du territoire agricole, c’est la vitalité du développement des entreprises agricoles », a-t-il assuré. 

Une productrice acéricole au Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux, a quant à elle demandé un engagement du ministre pour que le moratoire sur les nouvelles superficies en culture soit retiré d’ici le printemps. « Si on n’avait pas pu confirmer dans avancées [dans le dossier] avant la fin de notre mandat, ce serait une déception, parce qu’on a travaillé très fort », a-t-il répondu. 

M. Lamontagne a précisé en entrevue avec La Terre qu’un comité tripartite entre les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement ainsi que l’UPA a été créé au début de 2021 pour discuter de divers sujets, notamment de la possibilité d’assouplir le Règlement sur les exploitations agricoles. 

En terminant son discours, le ministre a souligné qu’il s’agissait peut-être de sa dernière allocution au Congrès, étant donné les élections qui auront lieu l’automne prochain. Avec émotion, il s’est dit fier de ses réalisations. « Je me tiens devant vous et je suis très fier d’avoir donné le meilleur de moi-même », a-t-il lancé.  La Terre lui a par la suite demandé s’il avait l’intention d’être candidat aux prochaines élections, ce à quoi il a répondu que « ça regardait bien ». Il a aussi mentionné qu’il n’avait pas de contrôle sur le rôle qui lui serait attribué par le premier ministre.