Ma famille agricole 12 décembre 2021

À petits pas sur le chemin de la réussite

SAINTE-MARIE – Lentement, mais sûrement. Si on devait choisir une expression pour décrire le parcours de Justine Breton et Jean-François Dion, c’est sans doute celle qui conviendrait le mieux. Gagnants du Prix de la relève agricole 2021 octroyé par le MAPAQ, les propriétaires de la ferme Aux fruits de la colline font aussi preuve d’audace.

Fiche technique

Nom de la ferme
Aux fruits de la colline

Spécialité
Petits fruits et légumes

Année de fondation
2011

Noms des propriétaires
Justine Breton et Jean-François Dion

Nombre de générations
1

Superficie en culture
20 hectares

Ils se sont rencontrés à l’université. Justine Breton est agroéconomiste et originaire de la Beauce. Jean-François Dion a grandi en Montérégie et a fait des études en agronomie. Elle est issue de parents qui possèdent une ferme laitière et lui, de grands-parents qui se sont consacrés à l’agriculture. Après deux années passées à Saint-Paul-d’Abbotsford, le couple a décidé qu’il vivrait lui aussi de la terre.

« Jeune, j’ai été embauché aux Jardins Damaco de Saint-Paul, où je suis toujours resté, raconte Jean-François. Cueilleur de fraises au début, j’ai gravi les échelons. On s’est dit que si on déménageait en Beauce, on démarrerait quelque chose. On a visité cinq propriétés, dont celle-ci située sur la route du Président-Kennedy Sud à Sainte-Marie. On a d’abord conclu qu’on ne cultiverait jamais ici, et pourtant… »

Tout près de la ville, sur une artère très fréquentée, la ferme acquise en 2011 par les Breton-Dion grâce au soutien apporté par le Centre local de développement offrait finalement un potentiel intéressant. Des bovins y ont autrefois été élevés, mais surtout, on y avait déjà fait pousser des fraises. Cette production représente  aujourd’hui plus de la moitié du chiffre d’affaires des Fruits de la colline.

Démanteler, reconstruire et grossir

« Le premier hiver, on a démantelé planche par planche tous les bâtiments afin de les reconstruire. Tous les ans, on a fait des ajouts. Le stationnement a été agrandi, le terrain aménagé et une aire de jeux a vu le jour. En février, l’occasion d’acheter la terre voisine s’est présentée et nous y avons érigé notre toute nouvelle serre de fraises d’hiver d’une superficie de 25 000 pieds carrés », rapporte le couple.

Cette structure vient se greffer aux serres de tomates (2 600 pi2), de framboises sous abri (10 000 pi2) et de légumes primeurs (3 400 pi2) existantes. Une pépinière destinée au démarrage des plants de framboises fait aussi partie des installations. Outre les fraises, les framboises et les tomates, le duo cultive citrouilles et courges, maïs sucré, petits concombres, piments, fèves, laitue, navets, poireaux et oignons.

Le fait d’avoir gagné le Prix de la relève agricole 2021 encourage Jean-François à continuer d’innover.
Le fait d’avoir gagné le Prix de la relève agricole 2021 encourage Jean-François à continuer d’innover.

Se démarquer en étant les premiers

La productrice travaille à temps plein dans l’entreprise depuis 2016, moment où elle a quitté son emploi de directrice de compte. Photo : Johanne Martin
La productrice travaille à temps plein dans l’entreprise depuis 2016, moment où elle a quitté son emploi de directrice de compte. Photo : Johanne Martin

S’ils se distinguent avec leurs fraises d’hiver, en Beauce, Justine et Jean-François ont été des précurseurs dans la production de framboises sous abri. Très peu de références sont actuellement disponibles en la matière. C’est pourquoi le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) mène des études à la ferme. Cet hiver, pour écouler leurs fraises, les Breton-Dion se démarqueront également avec un kiosque en libre-service en bordure de route.

« On essaie, on aime être les premiers, ne pas copier les autres, avoir des produits novateurs, confirme l’entrepreneure. Comme on vend sur place et qu’on propose de l’autocueillette, on ne voulait pas offrir de la crème glacée molle comme c’est le cas chez certains compétiteurs. On a plutôt opté pour de la barbotine à base de fraises et de framboises. Cette année, nos ventes s’élèvent à 27 000 $ au total! »  Constatant que les clients se font de plus en plus nombreux, les propriétaires de la ferme Aux fruits de la colline n’hésitent pas à affirmer qu’ils sont le carburant de leur développement. Entourés de leur quatre enfants – Wilfrid (9 ans), Léo (8 ans), Alice (7 ans) et Simon (4 ans) –, ils se disent extrêmement fiers d’avoir choisi de vivre de l’agriculture et de réussir en dépit de tous les défis qu’ils ont dû relever. 

3 conseils pour bien démarrer en affaires

Apprendre de manière continuelle

Le couple attribue son succès à la complémentarité des compétences de chacun. Et s’ils se disent « bien formés », Justine et Jean-François continuent malgré tout de demeurer au fait de l’actualité et des nouvelles tendances dans leur domaine. Autrement, ils s’inscrivent à des formations sur mesure, s’entourent, entretiennent un réseau de contacts et rencontrent d’autres producteurs dans le but de partager.

Être à l’affût de l’aide financière disponible

Les propriétaires de la ferme Aux fruits de la colline ont profité d’un maximum de subventions depuis le début de leur aventure entrepreneuriale. « Il faut aussi bien connaître ses chiffres et calculer son budget, tient à ajouter Justine. Il est important de ne pas grossir au détriment de la rentabilité. On a pu maximiser le potentiel de la terre. De 11 000 $, on est ainsi passés à 385 000 $ avec la même superficie. »

Foncer et travailler sans relâche

En l’absence de contingent, donc de revenus garantis, et sans historique de vente, le duo admet qu’il a été indispensable de se retrousser les manches et de travailler très fort. « On a dû bâtir notre clientèle, car on est vraiment partis de zéro. D’année en année, de plus en plus de gens viennent à la ferme, lance Jean-François. On doit croire en ses rêves, foncer, y mettre l’énergie nécessaire et tout devient possible. »

Le bon coup de l’entreprise

Justine Breton et Jean-François Dion se félicitent aujourd’hui d’y être allés « étape par étape ». Directrice de compte chargée du financement agricole jusqu’en 2016, la productrice a conservé son emploi dans l’institution financière qui l’embauchait durant les premières années de sa vie d’entrepreneure. « Je bénéficiais d’un bon revenu et j’injectais régulièrement de l’argent dans la ferme afin de minimiser les emprunts. Aussi, nous avons pu compter sur de l’aide familiale de la part de mes parents et de ma grand-mère depuis le début et encore maintenant », relate-t-elle.