Politique 30 novembre 2021

Une présidence sous le signe de l’ouverture et du compromis

LONGUEUIL – Mettre un terme à une implication syndicale de 30 ans, dont 10 ans à la tête de l’Union des producteurs agricoles (UPA), n’a pas été une décision facile pour Marcel Groleau.

Le producteur laitier de Thetford Mines, aujourd’hui âgé de 62 ans, a fait le choix, en septembre dernier, de ne pas se présenter devant l’assemblée générale de l’UPA pour briguer un sixième mandat. Pour lui, la réflexion qui a mené à ce choix a été autant personnelle qu’organisationnelle. « Être président de l’UPA, c’est une position extrêmement intéressante, mais qui présente aussi son lot d’inconvénients personnels. On est toujours sur la route, souvent seul, et ça finit par peser », confie celui qui a fait le trajet entre son appartement de Longueuil et sa maison de Thetford Mines un nombre incalculable de fois. « Je sentais aussi qu’après 10 ans, c’était bon pour l’organisation d’avoir un changement, du nouveau sang. Quand on débute, on a toujours le feu dans les yeux. Après 10 ans, on est plus sur une erre d’aller. »

Ce feu dans les yeux s’est reflété, selon M. Groleau, dans les objectifs principaux qu’il s’était donnés à son arrivée en poste, en 2011. Il voulait améliorer les communications de l’UPA avec les médias, le public et les producteurs, ainsi que rendre plus inclusive l’organisation syndicale pour que tous y trouvent leur compte. « Je pense sincèrement que j’ai réussi à remplir ce mandat-là », souligne fièrement celui qui met de l’avant l’héritage familial lorsque questionné sur son aisance à naviguer dans la sphère publique. « Chez nous, la lecture c’était vraiment important. Dans ma jeunesse, livres et journaux faisaient partie de notre quotidien à la maison. Ça aide à développer la prise de parole et les intérêts divers. »

Au cours de ses mandats successifs, M. Groleau a mené l’UPA à faire des partenariats sur certains enjeux avec des organismes, comme la Fondation David Suzuki ou Équiterre. « Il ne faut pas se définir par opposition, mais plutôt par complémentarité », insiste-t-il. « L’agriculture à petite échelle doit être complémentaire à une agriculture à plus grande échelle qui approvisionne les transformateurs, les épiceries et qui nous permet d’être présents sur tous les marchés. Et les agriculteurs à plus grande échelle doivent respecter les plus petits, qui souvent amènent des solutions novatrices par rapport à certains enjeux, comme la gestion des mauvaises herbes par exemple. »

Si certains lui prêtent des visées politiques, Marcel Groleau assure qu’il n’en est pas question… du moins pour les six prochains mois.
« La politique partisane, suivre une ligne de parti, je trouverais ça difficile », explique le dirigeant. « Pour les prochains mois, je vais prendre le temps de me poser. Pendant 30 ans, j’ai négligé ma famille. Ils acceptaient cet état de fait, mais aujourd’hui, je veux pouvoir leur redonner. »

Prochains enjeux

Bien qu’il désire laisser toute la place à son successeur, le président sortant se commet quand même lorsqu’on lui demande quels seront, selon lui, les prochains défis majeurs des agriculteurs. « La gestion de l’eau sera l’enjeu principal en agriculture. Nous devrons apprendre à gérer autant les pluies torrentielles que les sécheresses », souligne-t-il avant d’ajouter la phytoprotection à ces enjeux reliés aux changements climatiques. « À la vitesse où le climat change, les insectes vont se déplacer rapidement d’un climat à l’autre et ça va causer des problèmes », précise Marcel Groleau, qui est d’ailleurs en train de transférer graduellement ses parts dans la ferme laitière familiale à son frère et son neveu.