Actualités 7 octobre 2021

Robot vs travailleurs dans une arène de brocolis

SAINT-CONSTANT – En ce matin du 28 septembre, le temps est frais et humide à Saint-Constant en Montérégie. Dans l’un des champs des Jardins Paul Cousineau et Fils, des travailleurs étrangers temporaires (TET) s’affairent à la récolte de brocolis. Non loin de là, le robot intelligent SAMI 4.0 s’adonne à la même tâche, mais à l’aide de ses quatre longs bras mécaniques.

Éric Lapalme
Éric Lapalme

« La progression de la technologie est fulgurante, observe Julien Cousineau, relève à la ferme maraîchère. L’an passé, ce n’était qu’une caméra. Là, c’est vraiment un système capable de cueillir comme un travailleur. » L’agriculteur a bien suivi l’évolution du robot cueilleur de brocolis développé par la firme Lapalme Agtech de Varennes, en collaboration avec l’Institut national d’optique et le Centre de robotique et de vision industrielles. De premiers essais du prototype ont été effectués dans ses champs l’an dernier. Cette année, depuis environ quatre semaines, l’équipe d’ingénieurs en est à tester le produit destiné à la commercialisation.

Les deux pieds dans la boue, entre les plants de brocolis, La Terre est allée voir à l’œuvre le SAMI 4.0, en compagnie de Julien Cousineau et de son oncle, Laurent. « C’est l’avenir, des technologies comme celle-là », indique ce dernier, qui est copropriétaire des Jardins Paul Cousineau et Fils. « On est les plus gros producteurs de brocolis au Canada. On embauche 150 travailleurs étrangers, poursuit-il. La main-d’œuvre, ça représente 30 % de nos coûts de production. Des robots comme ça, pour une ferme comme la nôtre, c’est une occasion de se développer et d’être encore plus compétitifs. »   

Les Jardins Paul Cousineau et Fils embauchent 150 travailleurs étrangers chaque année, ce qui représente 30 % de leurs coûts de production.
Les Jardins Paul Cousineau et Fils embauchent 150 travailleurs étrangers chaque année, ce qui représente 30 % de leurs coûts de production.

Découpe au jet d’eau

Tiré par un tracteur traditionnel, le démonstrateur en action à Saint-Constant reconnaît les légumes prêts pour la cueillette, grâce à l’intelligence artificielle, puis les empoigne avec ses mains robotisées. Les légumes sont ensuite déposés sur un convoyeur. C’est un système de jet d’eau puissant qui permet de découper les brocolis. « L’année dernière, on a [testé] le côté vision, pour s’assurer qu’on était capable de voir le brocoli, de le reconnaître, mais on ne le coupait pas », soutient Éric Lapalme, propriétaire de Lapalme Agtech. La découpe et le mouvement ont été ajoutés depuis.

Le prix de l’engin peut varier entre 400 000 $ pour un seul bras et 2 M$, si on en intègre 20. Chaque bras remplace l’équivalent d’un travailleur, explique M. Lapalme, qui estime un retour sur l’investissement au bout de quatre ans.

Julien Cousineau
Julien Cousineau

Selon un calcul approximatif de Julien Cousineau, un TET peut cueillir 600 à 800 brocolis à l’heure. Cette statistique n’a pas encore été calculée pour le SAMI 4.0, mais les derniers tests aux champs indiquent que l’engin peut récolter tout ce qu’il voit à une vitesse allant jusqu’à 300 mètres à l’heure. Le robot, par ailleurs, peut être utilisé à tout moment de la journée, même les soirs et la nuit.

Comme son neveu, Laurent Cousineau se dit impressionné par l’évolution du prototype. Il attendra toutefois de voir où en sera la technologie l’an prochain avant d’en commander un. « Considérant le prix, ce n’est peut-être pas tout à fait au point, constate-t-il, mais je pense que ça le sera rapidement. On y croit. On va regarder ça sérieusement dès l’an prochain, peut-être pour s’en commander pour 2023 », indique-t-il.